GRAND MINISTERE. L'ancien reporter et producteur de télévision, grande figure de l'écologie, prend la tête d'un grand ministère de la Transition écologique, dans le premier gouvernement d'Edouard Philippe. Une bonne nouvelle pour le secteur ? Réactions.

Connu pour ses activités de journaliste-reporter et de producteur de télévision, Nicolas Hulot cède finalement aux sirènes de la politique. Il prend la tête d'un "super-ministère" de la Transition écologique et solidaire qui reprend les contours du ministère de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer. Il succède à Ségolène Royal, qui y a œuvré pendant 3 ans, avec en point d'orgue, sa présidence à la COP21.

 

 

Lors de la passation de pouvoir, le nouveau ministre a d'ailleurs souligné le travail de celle qui le précède à ce poste : "Vous remplacez, ce n'est possible parce vous êtes irremplaçable", a-t-il déclaré à Ségolène Royal, "Vous avez été une ministre exceptionnelle, car vous avez compris la dimension de la cause de nous défendons". "Je sais le courage dont vous avez fait preuve" a-t-il ajouté, la remerciant de lui laisser "un socle qui va rendre [sa] position un peu plus confortable." Nicolas Hulot espère être "le gardien du temple et le protéger."

 

L'écologie, "C'est une cause qui nous dépasse, qui est magnifique. Nous menons la bataille de l'esprit. Nous essayons de donner du sens à notre intelligence. Ce ministère vaut bien mieux que son appellation environnement, écologie, développement durable. C'est le ministère du futur, du vivant, de la diversité. C'est le ministère de la solidarité. C'est pourquoi j'ai insisté symboliquement pour que dans ma fonction je sois ministre de la transition écologique et solidaire. Parce que l'enjeu écologique, c'est la clé de voute de la dignité humaine et de la solidarité." Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique à Ségolène Royal, lors de la passation de pouvoir, le 17 mai 2017.

 

Le nouveau ministre s'inscrit dans la continuité de Ségolène Royal : "J'arrive avec mon histoire, elle ne se confronte pas avec la vôtre mais elle s'assemble. Vous pouvez être fière du travail que vous avez accompli. Le problème, c'est que vous mettez la barre très haute par rapport à mes propres responsabilités."
Nicolas Hulot et Ségolène Royal, le 17 mai 2017
Nicolas Hulot et Ségolène Royal, le 17 mai 2017, lors de la passation de pouvoir © S.O Batiactu

D'animateur TV à ministre

Agé de 62 ans, il avait déjà été courtisé par de nombreux présidents et chefs de gouvernement. En 2002, Jacques Chirac lui aurait proposé de devenir ministre de l'Ecologie. Son idée d'inscrire une charte de l'Environnement dans la Constitution était toutefois devenue réalité en mars 2005. Lors de l'élection présidentielle de 2007, il avait été question, un temps, qu'il se présente. Il avait rencontré plusieurs candidats afin de les convertir à la question environnementale et leur avait fait signer un Pacte écologique. Lors du scrutin suivant, il avait réellement tenté sa chance en se soumettant à la primaire écologiste de 2011, mais il avait été battu par Eva Joly. Le président élu, François Hollande, l'avait alors nommé "Envoyé spécial pour la protection de la planète" au mois de décembre 2012, une mission bénévole pour sensibiliser, informer et mobiliser la communauté internationale sur la crise écologique mondiale. Il préparera notamment la Conférence de Paris sur le climat, qui se tiendra en 2015 et lancera un appel aux chefs d'Etats.

 

Une bonne image auprès du grand public

 

Au début de 2016, il quitte ce poste d'émissaire et refuse, une nouvelle fois, d'entrer dans un gouvernement. Nicolas Hulot contemple alors l'idée de se présenter à l'élection présidentielle de 2017, sans passer par la case primaire cette fois mais renonce, dès l'été 2016. Ce sont finalement le président Emmanuel Macron et le premier ministre Edouard Philippe qui l'auront convaincu de se lancer dans l'arène.
Ardent défenseur de l'environnement et des populations, il s'est notamment prononcé pour l'organisation d'un référendum sur la sortie de l'énergie nucléaire au lendemain de la catastrophe de Fukushima au printemps 2011. De même, sur l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, il s'est ouvertement déclaré en faveur de l'abandon du projet. Des questions qu'il sera en mesure de trancher, maintenant qu'il occupe le poste de ministre de la Transition écologique et solidaire. Nicolas Hulot jouit d'une bonne image auprès du grand public, lié à son passé de présentateur-baroudeur et ses prises de position en faveur de la nature. Certains politiciens toutefois, comme Claude Allègre, ancien ministre de l'Education, ou Jean Lassalle, candidat à l'élection présidentielle, n'ont pas hésité à l'égratigner sur la question de son manque de connaissance académique ou celle du financement de sa fondation par des groupes comme EDF, mettant en doute son indépendance.

 

Début mai, huit ONG avaient adressé un courrier à Emmanuel Macron, pour soutenir l'idée d'un portefeuille large pour le développement durable. Elles ont vraisemblablement été entendues.

 

 

Réagissant à sa nomination, Nicolas Hulot a tweeté : "J'ai accepté de poursuivre mon action en rejoignant le gouvernement (...) Ceux qui me connaissent savent qu'être ministre n'est pas pour moi un objectif en soi. Je pèse toutes les implications de cette décision. Cependant, j'ai l'intention, sans en avoir la certitude que la donne politique ouvre une nouvelle opportunité d'action que je ne peux pas ignorer. Je considère surtout que l'urgence de la situation m'impose de tout tenter pour faire émerger le nouveau modèle de société que nous appelons collectivement de nos vœux. J'espère que cette nouvelle donne offrira un terreau fertile pour le construire enfin".

 

Découvrez en page 2 les premières réactions à cette nomination

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