MISE AU POINT. Emploi, formation, prix, loi ELAN, carte BTP, RGE… Malgré des chiffres très encourageants qui confirment la reprise du secteur de la construction, la Fédération française du bâtiment évoque déjà de nombreux sujets d'inquiétudes pour 2018 et au-delà. Jacques Chanut, son président, fait un tour d'horizon exhaustif.

Et si l'embellie dans la construction n'était que provisoire ? C'est ce que semble penser Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), au moment de présenter les résultats du secteur pour le premier trimestre 2018. Il rappelle : "L'année 2017 a été une belle année avec 426.000 logements mis en chantier, soit la cinquième meilleure année depuis 1986 ! Ce qui est 20 % au-dessus de la moyenne de long terme. Pour les permis de construire aussi, puisque la barre des 500.000 a été franchie. Du côté du non-résidentiel, les chiffres sont encore plus intéressants avec une reprise confirmée à 19,5 millions de m², ce qui reste toutefois encore en-deçà de la moyenne de long terme. Et 29 millions de m² ont été autorisés, mais restons prudents, c'est le secteur où il y a le plus de perdition".

 

Du côté de la rénovation et de l'entretien, qui constituent le gros de l'activité des entreprises du bâtiment, Jacques Chanut résume : "Il y a eu une accélération en fin d'année dernière mais qui est liée à une anticipation de la révision du crédit d'impôt transition énergétique (CITE)". L'activité a donc été soutenue ce qui a eu un impact favorable sur l'emploi : la FFB estime que 19.900 postes ont été créés, répartis à égalité entre emplois salariés et intérimaires. Là encore, le président de la fédération souligne : "Il y a eu une accélération de l'emploi salarié. Les entreprises éprouvent des difficultés à trouver des intérimaires, qu'il s'agisse d'entrepreneurs ou d'artisans". Jacques Chanut l'assure : ces chefs d'entreprises feraient face à de plus en plus de refus d'embauches de la part d'employés qualifiés. Il déclare : "Des intérimaires préfèrent bénéficier des primes de précarité et d'une certaine liberté. Le statut précaire devient un choix dans certains métiers en tension pour les compagnons". Loïc Chapeaux, directeur des études économiques, ajoute : "Entre créations et défaillances, le rapport était de 4 pour 1 en 2017, avec 0,8 emploi concerné par création et environ 2,4 par défaillance. La dynamique se retrouve donc". Le nombre de demandeurs d'emploi a diminué et s'établit désormais à 240.000 dans le secteur de la construction (dont 123.000 ouvriers de second œuvre, 78.000 de gros œuvre et 14.000 cadres). L'aspect financier a également été abordé. La FFB note que le prix des matériaux est en hausse (+2,5 % en moyenne) et que les coûts salariaux ont également progressé (+2,5 %) alors que les prix pratiqués par les entreprises n'ont augmenté que de +1,6 %. Le président constate : "Il faut reconsidérer les marges dans nos métiers, car le différentiel augmente, malheureusement. Les marges ont été reconstituées plus vite chez les industriels".

 

Beaucoup de sujets d'inquiétude

 

 

Jacques Chanut s'est ensuite penché sur les perspectives pour 2018 : "Il y a une inquiétude sur le locatif social neuf où on observe déjà une tendance baissière de -10 % sur les demandes d'agréments qui aura un impact en année N+2 avant même l'impact de la Réduction du loyer de solidarité". Le responsable s'interroge sur le possible rôle de la hausse des coûts liée au foncier ou sur le poids des normes. "On attend beaucoup de la mission Borloo sur l'Anru", ajoute-t-il. La fédération se montre également préoccupée par le retournement, à la fin de 2017, des ventes de logements sur promotion immobilière, également en recul (-4 % et même -13 % de mises en vente). Un phénomène encore plus marqué du côté des maisons individuelles au début de l'année (-17 %). Pas d'inquiétude en revanche pour le non résidentiel, où les perspectives demeurent bonnes. "L'activité est très bien orientée pour 2018 (+4 %), le signe d'un marché dynamique. Le secteur des bureaux est très actif mais il reste concentré sur quelques villes seulement", analyse-t-il. Quant à l'amélioration-entretien, "il se tient mais ce phénomène se maintiendra seulement jusqu'à la fin juin 2018, avec l'arrêt du CITE pour les fenêtres et les chaudières".

 

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