Bonne nouvelle : les 96 plus grandes villes de France ont amélioré leur note moyenne en matière d'accessibilité, d'après le baromètre publié par l'Association des paralysés de France. Si Nantes, Grenoble et Le Mans font figure d'exemples en la matière, des efforts restent à faire, notamment concernant l'accessibilité aux transports.

Dans moins de quatre ans, le 1er janvier 2015, les bâtiments et équipements publics devront pouvoir accueillir tous les handicapés, conformément à la loi du 11 février 2005. Si l'on peut douter que toutes les villes soient réellement prêtes le jour J, il existe heureusement des exemples de villes accessibles : il suffit de se tourner vers Nantes, Grenoble et Le Mans, selon l'Association des paralysés de France (APF), qui vient de publier avec l'Express son deuxième palmarès des villes les plus accessibles aux personnes handicapées. La bonne nouvelle, c'est que la moyenne générale a augmenté d'un point et Nantes, la ville en tête du classement, obtient une moyenne de 17,4/20 contre 16,8 en 2010. «On remarque une dynamique générale positive, plus particulièrement dans les villes de taille moyenne. Pour ces dernières, on perçoit une volonté particulière d'établir des diagnostics afin d'engager les travaux d'aménagement», observe l'APF. Pour les grandes villes en revanche, le constat est plus mitigé.

 

Au total, 96 villes (chefs-lieux de départements) ont été passées au crible, à travers trois grands thèmes : l'adaptation du cadre de vie, l'accessibilité des équipements municipaux, et la politique locale volontariste. Les villes sont notées sur 20. Nantes, comme l'année dernière, obtient la première place avec 17,4, suivie par Grenoble (4e en 2010) avec 16,9 et Le Mans, qui, avec 16,8 cette année, se place 3e, bien au-delà de sa 48e position de l'an dernier. Alors que Perpignan occupe la dernière place du classement, précédée de peu par Marseille et Mende, l'association a également mis en valeur les meilleures progressions pour Belfort, Evreux et Bastia.

 

Si les villes «exemplaires» ainsi que les dernières du classement sont parmi les plus grandes, l'APF, en revanche, «constate un bond assez significatif d'un certain nombre de villes moyennes», qu'elle explique par la nature même de ces communes. «En ce qui concerne le cadre de vie adapté, la notation reflète une plus grande perspicacité dans le ressenti des personnes en situation de handicap quant à leur cadre de vie. Par définition, de petites améliorations dans des villes moyennes sont toujours plus visibles que dans des grandes agglomérations. Une nouvelle piscine municipale ou la rénovation du cinéma peuvent par exemple constituer des éléments qui impactent positivement sur la perception du cadre de vie, a fortiori, dans des villes de taille moyenne», analyse l'association.

 

Les transports restent peu accessibles
Autre constat, la «difficulté récurrente pour les villes du sud, et notamment le pourtour méditerranéen, à véritablement impulser une authentique politique d'accessibilité». Pour preuve, l'APF cite la moyenne des notes obtenues par les villes de ce secteur : «Alors que la moyenne nationale s'établit à 11,6/20 cette année, contre 10,6 l'an passé, les moyennes des chefs-lieux départementaux des régions du Languedoc-Roussillon (9,46), de PACA (9,7) et de la Corse (8,5) sont les seules à être en-dessous de 10». Il existe également un clivage «entre des acteurs volontaristes et ceux qui s'obstinent à ne pas vouloir faire», notamment concernant les transports en commun : en effet, parmi les municipalités ayant accepté de répondre au questionnaire de l'association, il apparaît que 44% des lignes de bus sont accessibles. Un résultat d'autant plus faible que la moitié des 96 villes n'ont pas souhaité répondre sur ce sujet. «Ce taux de non-réponse sonne tel un désaveu pour les Autorités organisatrices de transport», déplore l'APF, qui souligne que d'après les informations fournies par le ministère du Développement durable, 70% des Autorités ont plus de trois ans de retard dans l'élaboration du Schéma directeur d'accessibilité, document programmant les travaux de mises en accessibilité à réaliser.

 

Mais la prise de conscience de l'importance d'un réel accès aux services publics semble enfin apparaitre. Selon l'APF, «la situation s'améliore de manière tangible en matière d'équipements municipaux, puisque les mairies, le plus grand théâtre et le plus grand stade de la ville seraient accessibles aux personnes à mobilité réduite dans plus de 80 % des cas».

 

L'APF reste cependant vigilante, à quelques jours du 15 février. En effet, c'est ce jour que sera discutée à l'Assemblée nationale une loi visant à obtenir des dérogations à l'accessibilité dans le cadre du bâti neuf. «Les lobbies exercent d'importantes pressions pour que ces dérogations deviennent effectives», regrette Jean-Marie Barbier, président de l'APF. «Accorder des dérogations dans le cadre bâti neuf, alors qu'aucune impossibilité technique ne le justifie, c'est remettre en cause le principe de la loi handicap de 2005 et de la Convention ONU relative aux droits des personnes handicapées signée et ratifiée par la France et l'Union européenne !»

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