DECRYPTAGE. Alors que le tournoi de Roland-Garros bat son plein à Auteuil depuis le 28 mai au cœur d'un site où le chantier de modernisation a débuté, la Fédération française de Tennis (FFT) vient de dresser un point sur la situation des recours existants et sur les prochaines étapes du projet en présence de l'architecte Marc Mimram.

Depuis le "jeu, set et match" en février dernier gagné de la Fédération française de tennis (FFT) qui attend depuis 2011 d'agrandir et rénover le site de Roland-Garros dans le 16ème arrondissement de Paris, son nouveau président, Bernard Giudicelli et Gilles Jourdan, directeur adjoint chargé du chantier ont dressé, le 29 mai 2017, un point d'étape sur le projet. L'occasion pour eux au lendemain du démarrage du tournoi, de rentrer en détails sur la situation juridique et les prochaines étapes en présence de l'architecte Marc Mimram.

 

 

"La situation juridique n'est pas tout à fait résolue." FFT

 

Au sujet du volet judiciaire précisément, Bernard Giudicelli a affiché sa "confiance", mais tout en reconnaissant que "la situation juridique [n'était] pas tout à fait résolue." Rappelons qu'en novembre dernier, le Tribunal de grande instance (TGI) de Paris avait rendu un jugement sur le fond du dossier, validant le projet d'agrandissement de Roland-Garros, alors que le Conseil d'État avait rejeté l'annulation des permis de construire le 3 octobre 2016.

 

Autre point essentiel : le tribunal administratif de Paris avait également rejeté, le 2 février 2017,les recours des associations de défense du patrimoine et de l'environnement contre les permis de construire accordés à la FFT, notamment pour un nouveau court dans le jardin des serres d'Auteuil. Ces associations ont fait appel de la décision, ce qui fait figure d'ultime recours, mais les travaux se poursuivent, même s'ils sont interrompus durant le tournoi.

 

"Sur la partie dite méridienne du bois de Boulogne, c'est un secteur urbanisé, et donc nous avons eu l'autorisation de construire, argumente le président de la FFT. Ce droit à construire contesté par nos opposants a alors été reconnu le 2 février 2017. Un appel a été introduit. Ce qu'il me semble important de souligner, tout l'argumentaire, toute la communication avait été faite sur cette idée que nous devions détruire les serres historiques, les serres de Formigé. Les serres de Formigé sont là. Elles sont bien là. Elles vont alors dialoguer, avec la serre imaginée par Marc Mimram si j'ose dire."

 

"En toute hypothèse, ces recours n'interrompent pas les travaux", Bernard Giudicelli

 

Depuis le jugement du 2 février, un recours a donc été déposé par les opposants au projet.
"La cour administrative d'appel devra à nouveau en juger, estime Bernard Giudicelli Mais c'est la même qui, le 15 décembre 2017, a confirmé les deux points clé que j'évoquais tout à l'heure. Cela veut dire que nous sommes aujourd'hui au bout de ce processus que nous avions entamé en février 2014. Nous espérons en sortir le plus rapidement possible. En toute hypothèse, ces recours n'interrompent pas les travaux."

 

Interrogé de nouveau sur l'hypothèse d'un futur jugement en défaveur de Roland-Garros, le président de la FFT "ne peut pas l'envisager, parce que le court des serres sera terminé. Vous savez pourquoi ? Parce que nous sommes en compétition pour les Jeux Olympiques avec Paris 2024. C'est ce qui compte le plus pour la France et pour le nouveau chef de l'Etat, Emmanuel Macron. Pas moi." Un site que les onze membres de la Commission d'évaluation du Comité international olympique (CIO) n'ont pas de manqué de visiter, avec Guy Forget, le directeur du Tournoi, le 15 mai 2017, en fin de journée, au cours de leur venue à Paris.

 

Modernisation de Roland-Garros : recours, chantier, où en est-on ?
Guy Forget, directeur du tournoi de Roland-Garros interrogé par Batiactu le 15 mai 2017 au cours de la visite du Comité international olympique (CIO). © S.C. Batiactu
"Le site de la porte d'Auteuil, l'un des maillons forts des JO pour Paris 2024."Guy Forget, directeur du Tournoi de Roalnd-Garros

 

"Nous sommes plus confiants pour l'extension du site de la porte d'Auteuil, car il doit passer de 8,6 à 11,2 hectares, confiait à Batiactu, Guy Forget, au cours de la visite du CIO. C'est l'un des maillons forts du dossier de candidature de Paris pour l'organisation des Jeux olympiques 2024. Il n'y aura pas que du tennis, Paris 2024 envisage d'accueillir les compétitions de boxe sur le court Suzanne-Lenglen."

 

Jusqu'à l'heure actuelle, les travaux de la première phase restent relativement peu visibles pour le public qui arpente les allées pendant la "quinzaine". Seul l'imposant bâtiment de l'organisation (PCO, PCS et accueil médias) à la porte I, situé entre le court central et le Suzanne Lenglen devrait être livré au début de l'année prochaine. Le reste du chantier concerne "les reprises en sous-œuvre des fondations du central."

 

 

La deuxième phase qui sera non négligeable, va se concentrer autour du fameux court des serres imaginé par Marc Mimram. "On terminera le bâtiment dans des meulières qui se situe dans le jardin à côté, indique Gilles Jourdan, directeur du chantier et de modernisation du stade. On continuera les travaux du court dans les serres qui ne sera pas livré malheureusement pour le tournoi 2018, mais un peu après. On fera la construction du court numéro 14 qui se situe à l'extrême ouest de notre site, le court 14 qui remplacera le court n° 2 qui sera détruit à la fin de ce tournoi. Il faut que l'on fasse de la place autour du court central pour préparer les phases suivantes."

 

Le court des Serres d'Auteuil décrypté par Marc Mimram

 

De son côté l'architecte Marc Mimram a ajouté : "En ce qui concerne le jardin, l'idée était de construire un court en fin de serres. On a construit 1500 m² de serres nouvelles qui seront en dialogue le plus proche possible avec les serres existantes du célèbre architecte Jean-Camille Formigé qui a construit les serres principales." Quant au court, "il sera situé à cinq mètres de profondeur mais à l'air libre, il n'y aura pas de dalle dessous", complète le concepteur.

 

Après le tournoi 2018, la FFT compte aussi déconstruire 80 % environ du court central actuel pour reconstruire les tribunes du court Chatrier. La transformation du court Philippe-Chatrier devra intervenir lors des deux dernières phases. Après la déconstruction des tribunes, viendra alors l'installation du toit rétractable d'ici à l'horizon 2020. Les objectifs sont doubles : les JO pourraient être parisiens pour 2024 et la FFT veut permettre au tournoi du Grand Chelem parisien de rivaliser avec l'Open d'Australie à Melbourne, Wimbledon à Londres et enfin l'US Open à New York.

 

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