Depuis le 1er janvier 2016, l'ensemble des machines de forage géotechnique doivent être mises en sécurité. Une mesure demandée en 2013 par le ministère du Travail, suite à l'augmentation des cas d'accidents, dont certains avaient été mortels. Jean-Paul Mourier, directeur du pôle Sondage chez Ginger CEBTP, nous en dit plus.

Suite à plusieurs accidents graves survenus en 2012-2013, le ministère du Travail a décidé de mener une action forte de sécurisation des machines de forage vertical utilisées par les géotechniciens. Une directive ministérielle, datant du 15 mai 2013, a ainsi demandé à tous les acteurs du secteur de mettre en sécurité l'ensemble des machines en service afin de les porter au niveau des machines neuves. Une mission complexe pour les entreprises concernées qui ont dû lourdement investir pour moderniser leur parc.

 

Jean-Paul Mourier, le directeur du pôle Sondage chez Ginger CEBTP, explique : "Depuis le 1er janvier 2016, toutes les foreuses en service doivent avoir adopté le standard de sécurité, qu'elles soient neuves ou pas. C'est une grande évolution technologique et une modernisation conséquente. En France, entre 3.000 et 3.500 machines ont été concernées par cette évolution, dont 80 au CEBTP, qui dispose du premier parc français". Concrètement, il est demandé aux entreprises de placer des protections physiques de type cage afin d'empêcher l'accès à la tige de forage lorsqu'elle est en rotation. L'ouverture de cette cage entraîne automatiquement un ralentissement de la vitesse de rotation et l'adoption d'un mode de fonctionnement réduit qui limite les risques de happement. Les accidents où les opérateurs étaient entraînés par la tige de forage étaient devenus plus nombreux que ceux liés aux écrasements. Ces derniers étaient d'ailleurs évitables par l'adoption de radiocommandes ou de télécommandes qui permettent aux ouvriers de s'écarter des engins lors des chargements et déchargements. "Il n'y avait pas eu d'évolution technique depuis une dizaine d'années", poursuit le spécialiste, "mais le CEBTP avait pris les devants en mettant son parc de machines à jour au cours des 5 dernières années".

 

Des investissements lourds et une immobilisation longue

 

Une sage précaution lorsque l'on apprend que le coût de mise en sécurité d'une seule machine oscille entre 10.000 et 25.000 €. "Des aides pouvaient éventuellement être obtenues auprès des services de prévention de la Cram, mais elles étaient liées à la formation des personnels, car les ministères veulent un aspect ressources humaines en plus de l'évolution des machines", précise Jean-Paul Mourier. Autre problématique : le temps d'immobilisation pour moderniser une machine atteint les 3 ou 4 semaines, période pendant laquelle elle est indisponible pour des forages. "Il y a des modifications électriques et hydrauliques à faire", détaille-t-il. Certaines machines, trop anciennes ou trop chères à mettre à niveau, ont donc été réformées, entraînant de facto un renouvellement du parc.

 

Les constructeurs ont également travaillé sur l'ergonomie des foreuses afin de se dispenser, à l'avenir, des lourdes cages de protection rigides. Ils devraient s'orienter vers des barrières immatérielles, créées par des faisceaux laser. "Ces évolutions techniques arriveront prochainement en provenance du monde de l'industrie, et elles permettront d'alléger les engins pour leur rendre leur mobilité", assure le directeur du pôle Sondage. Pour l'heure, seules les machines utilisées spécifiquement en géotechnique sont concernées par ces mesures de sécurisation. Mais, selon Jean-Paul Mourier, l'ensemble des machines à forage vertical, dont celles utilisées en travaux et en forage d'eau, pourraient être incluses dans cette demande de modernisation. Le spécialiste rassure les professionnels : "Il a fallu changer la manière de fonctionner des opérateurs et des machines mais il n'y a pas eu de perte de rendement. Et cela a été positif pour la sensibilisation du personnel à la sécurité".

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