A l'occasion du salon de l'Agriculture, la ministre de l'Environnement a fait le point sur les mesures destinées à soutenir le développement de la méthanisation en France. Car le gaz renouvelable est une opportunité pour les exploitants ainsi qu'une piste intéressante pour la transition écologique.

Selon le Syndicat des énergies renouvelables (SER), GRDF, GRTgaz et les autres exploitants de réseaux de transport et de distribution du gaz, "l'année 2016 a confirmé l'émergence de la filière biométhane en France". La raison ? La mise en service de neuf nouveaux sites de méthanisation dans l'Hexagone et l'injection de 215 GWh dans le réseau (+162 %), correspondant à la consommation de près de 18.000 logements.

 

 

"Fin 2016, les 26 sites injectant du biométhane dans l'ensemble des réseaux et les 241 projets en phase avancée recensés, confirment la tendance observée en 2015", annoncent les spécialistes de la question. La capacité maximale de production de biogaz installée est donc portée à 410 GWh/an (+47 %) avec une file d'attente cumulée de 5.000 GWh supplémentaires. Toutefois, la production française reste encore anecdotique, puisque le gaz renouvelable ne représente que 0,05 % de la consommation française… La loi de Transition énergétique pour la croissance verte fixe à 10 % la proportion de biométhane injecté dans le réseau à l'horizon de 2030. Car ce gaz permet de réduire la dépendance énergétique nationale ainsi que son empreinte carbone, en favorisant des circuits courts. Il est estimé que la méthanisation a permis d'éviter le rejet de plus de 40.000 tonnes de CO2 dans l'atmosphère l'an passé (+269 %). Un chiffre qui ne cessera d'augmenter puisque les calculs pour 2020 font état d'une production de 3.000 GWh/an "ce qui permettra d'économiser 560.000 tonnes de gaz à effet de serre, soit l'équivalent de la consommation de près de 250.000 logements". Les acteurs de cette filière en plein essor notent également que le gaz renouvelable devrait générer, dans les trois ans, entre 2.000 et 3.000 emplois directs, non délocalisables. Plus largement, en incluant l'injection et la distribution de biométhane carburant, le développement et la construction d'installations de méthanisation devrait permettre de créer plus de 10.000 emplois auxquels il faudra ajouter près de 5.000 autres en exploitation-maintenance.

 

De nombreuses mesures de soutien mises en place

 

A l'occasion de l'ouverture du salon de l'Agriculture, Ségolène Royal a rappelé l'ensemble des actions menées pour renforcer le soutien à cette filière. Elle évoque la revalorisation du tarif d'achat de l'électricité produite en cogénération par les installations de méthanisation en octobre 2015, qui avait permis une hausse de +10 à +20 % des revenus liés, ainsi que l'extension de la durée des contrats d'achat de cette électricité, avec des contrats portés de 15 à 20 ans. La ministre de l'Environnement note également la publication de l'arrêté tarifaire pour les nouvelles installations, publié le 12 décembre 2016, et la simplification des procédures au niveau de l'Ademe afin de pouvoir bénéficier de ces tarifs. Et elle ne s'arrête pas là : elle rappelle la publication, en juillet 2016, du décret d'application sur "l'utilisation des cultures principales dans les méthaniseurs" avec un seuil de 15 %, sans plafond pour les cultures intermédiaires, glissant sur trois années "afin de prendre en compte la variabilité des approvisionnements et les aléas climatiques". Enfin, la ministre précise qu'elle attribuera dans les prochains jours, les lauréats de l'appel d'offres "Biomasse" qui comprend un lot de 10 MW pour des installations de méthanisation de plus de 500 kW de puissance unitaire.

 

 

… mais pas encore assez ?

 

De leur côté, les professionnels du biogaz admettent que des avancées majeures ont été enregistrées au cours de 2016, notamment "la mise en œuvre d'une ordonnance donnant la possibilité de recourir aux appels d'offres, venant en complément des mécanismes de soutien actuels". Cependant, ils estiment que pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par la loi de Transition énergétique, d'autres mesures doivent encore être prise : "l'adaptation du coefficient S pour les sites n'ayant jamais valorisé de biogaz en contrat d'achat, (…) et le passage d'un calcul mensuel des capacités d'injection à un calcul annuel". Aujourd'hui, les sites qui produisent du biogaz et qui souhaitent s'orienter vers le biométhane, se voient appliqués un coefficient d'abattement sur leur futur tarif d'achat bien qu'ils n'aient jamais bénéficié de soutien. Jean-Louis Bal, le président du SER, estime que pour tenir l'objectif 2030, les professionnels doivent jouir de "mécanismes de soutien adaptés à la spécificité de cette source d'énergie". L'enjeu est important : il est prévu qu'en 2030, le gisement mobilisable atteigne les 56 TWh grâce à 130 millions de tonnes de matières brutes (boues et lisier, effluents, déchets de cultures) et qu'en 2050, la totalité du gaz français puisse être produite sur place, à hauteur de 400-550 TWh, grâce à la méthanisation (210 TWh), la gazéification de la biomasse (160-280 TWh), la méthanation (20-35 TWh) et l'utilisation des micro-algues (10-25 TWh).

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