«L'avenir nous inquiète», a déclaré, jeudi, Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment. Compte-tenu des chutes vertigineuses des mises en vente (-28%) et des ventes (-31%) dans le secteur résidentiel, du recul prononcé dans le domaine des bâtiments administratifs, ou encore du solde de logements mis en chantier, qui devrait se situer entre 390.000 et 400.000 à fin 2008… l'optimisme affiché, il y a 3 mois, s'est quelque peu émoussé . Explications.

Lors de sa première conférence de presse ce jeudi, le nouveau Président de la FFB, Didier Ridoret, a fait un point sur «une conjoncture moins porteuse», précisant toutefois que «l'horizon n'est pas bouché».

Le bâtiment aura certainement connu des rentrées bien plus favorables que celle-ci. Et le flot de chiffres négatifs n'arrange rien. Même si la fédération se refuse à comparer la crise actuelle à celle survenue en 1992 - «et qu'elle est comparable ni à celle que connaissent actuellement les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou l'Espagne» - force est de constater que le cycle est de retour, avec un recul à la fois des ventes des promoteurs et des mises en chantier : -14.4% dans le logement et -12.7% dans le non résidentiel. Sans compter les -28% de baisse des mises en vente et les -31% de ventes au premier semestre 2008, ainsi que le stocks effectifs qui passent de 4.6 mois de vente en 2007 à 6.6 cette année. «En France, il y a à ce jour un stock de 3.500 logements finis - contre un million en Espagne - ce qui est peu. Un stock faible est d'autant plus positif qu'il est favorable pour envisager un regain de l'activité», analyse Didier Ridoret.

La rénovation, salut du bâtiment ?

Tenant à préciser que «les chiffres sont à lire avec prudence» du fait de la refonte du système de collecte d'information du ministère de l'Ecologie, il ne peut que constater que «l'année se soldera au mieux par 390.000 à 400.000 logements mis en chantier, loin des 435.000 de 2007». Et d'ajouter que «si rien n'est fait, le recul se poursuivra en 2009, voire en 2010, renvoyant le nécessaire objectif de 500.000 logements au rayon des chimères. Et que l'on ne vienne pas nous dire que la cause en est la capacité de l'appareil de production ! ». Voilà qui est dit. Autre inquiétude de la FFB, l'emploi. Rappelant que le bâtiment, c'est 1.2 million de salariés, Didier Ridoret estime que pour l'emploi intérimaire - de 130.000 à 140.000 personnes - «on est dans la baisse de la hausse, mais dans une logique de ralentissement tout de même». Sur un an, le nombre de création nette d'emplois s'élève à 32.000 (2.500 au 2e trimestre), tandis que l'on compte 1.100 emplois intérimaires de moins à fin juin (contre 8.000 sur un an).

La petite éclaircie vient du marché de l'amélioration-entretien, qui si elle s'effrite un peu, «a progressé de 1.1% en volume au premier semestre 2008 par rapport au même semestre de 2007». Si l'on considère que ce secteur représente la moitié du chiffre d'affaires du bâtiment, on comprend la motivation de la FFB à aller, le mois prochain, défendre le dossier de la TVA à taux réduit à Bruxelles. «L'activité amélioration-entretien est dopée par la TVA, ce qui reste favorable», soutient Didier Ridoret. Créée en 1999, et reconduite normalement jusqu'en 2010, « l'arrêt de la TVA pourrait conduire à la suppression de 85.000 à 95.000 emplois», estime la FFB.

Rester confiant

Parmi les bonnes mesures à envisager pour l'avenir, le Président a applaudi la mise en place de l'éco-PTZ et espère une issue favorable à l'épineux problème du 1% Logement prévu dans le projet de loi de «Mobilisation pour le logement» de Christine Boutin. «Ce serait près d'un milliard d'euros que l'Etat ne mettra plus au service du logement social», a souligné la FFB. Autre cheval de bataille : le financement du dialogue social. La fédération n'envisage pas de baisser les bras. Au contraire, elle attend de pied ferme les décisions du ministre du Travail, Xavier Bertrand, «à l'automne» sur l'extension d'accords aux entreprises de moins de 10 salariés. «Les petites entreprises n'ont pas besoin qu'on leur impose une charge supplémentaire alors que l'activité baisse. C'est insupportable !», s'est exclamé le Président.

Concluant sur une note positive, Didier Ridoret a estimé que «les marges de manœuvre sont plutôt restreintes», mais qu'il demeure confiant. Une confiance qu'il veut redonner aux Français pour investir dans la pierre. «En immobilier, on n'est rarement déçu».



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