Alors que le projet de fusion d'égal à égal avec Lafarge est remis en cause par Holcim, une solution serait en préparation. En plus d'une renégociation du prix de l'action, revue à la hausse en faveur du cimentier suisse, le président-directeur de Lafarge serait appelé à renoncer à la direction générale de la nouvelle entité pour prendre le poste de "co-président du Conseil". Détails.

Le cimentier suisse Holcim, numéro un mondial, renégocie âprement les termes de la fusion avec son dauphin, le français Lafarge. Deux points semblent bloquer le rapprochement entre les deux géants : le principe de parité des actions - qui faisait de la fusion une opération équitable entre les groupes bien que l'entreprise helvète présente un bilan plus favorable que son alter-égo français - et la composition de la gouvernance du futur champion.

 

Lafarge s'est tout d'abord déclaré prêt à discuter du prix des actions, en explorant "la possibilité d'une révision de la parité, en ligne avec les conditions de marché récentes". L'évolution récente des cours du Franc suisse ne serait pas étrangère à cette décision. Mais le cimentier français précisait également "qu'il n'accepterait aucune autre modification des accords", signés au mois de juillet 2014. Pourtant, Holcim aurait proposé au président-directeur de Lafarge, Bruno Lafont, de renoncer à la direction générale du futur Holcim-Lafarge, en acceptant le principe d'une co-présidence de l'ensemble. Une solution ferme mais diplomatique pour écarter le p-dg français de la direction opérationnelle.

Lutte pour conserver l'ancrage français

Dans le cas où la fusion ne se ferait pas, la partie rompant les termes de l'accord devra verser 350 M€ de dédommagement à l'autre partie, ainsi que 150 M€ au groupe irlandais CRH. Ce dernier s'est engagé à reprendre, pour 6,5 Mrds €, des sites européens cédés par les deux cimentiers afin d'éviter des positions monopolistiques sur certains marchés et obtenir le feu vert des autorités de la concurrence.

 

Les conseils d'administration des deux groupes doivent se réunir, séparément, afin d'évoquer les suites à donner au projet de mariage, qui ressemble de moins en moins à une union entre égaux mais davantage à une prise de contrôle de Lafarge par Holcim. Une situation que le gouvernement français ne verrait pas d'un bon œil : il s'est déclaré "vigilant" sur ce point et "attentif à ce que l'opération préserve l'ancrage en France de Lafarge et des centres de décision du groupe". Rappelons que l'Hexagone demeurerait le premier marché de la future entité, bien que ne représentant plus que 10 % du chiffre d'affaires total, estimé à plus de 30 Mrds €.

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