Alors que le contexte mondial évoque une reprise économique progressive, qu'en est-il pour le marché de la construction ? Selon la dernière étude Euler Hermes, si la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni tirent leur épingle du jeu, l'Italie et l'Espagne ne parviennent pas à relever la tête. Même scénario pour les Etats-Unis. Résultats et explications.

Un marché, des disparités. C'est en ces termes qu'on pourrait qualifier le secteur de la construction de logements neufs en Europe et aux Etats-Unis. En effet, l'activité, qui donne un peu le pouls en matière de conjoncture mondiale, ne se comporte pas de la même manière d'un pays à l'autre.

 

Ainsi, certains s'en sortent plutôt bien et engagent une reprise : «La construction voit sa croissance confirmée en France, l'Allemagne amorce un redressement et le Royaume Uni s'engage sur la voie du rétablissement», note Karine Berger, directrice marchés et marketing et chef économiste d'Euler Hermes.

 

En France, si les prix des logements ont augmenté, soit + 134% entre 2000 et 2010, les revenus des ménages ont, en revanche, progressé de seulement 35% sur la même période. Toutefois, la baisse des taux d'intérêt «a préservé la solvabilité des ménages», souligne l'étude. De plus, si la crise a entraîné un recul des mises en chantier en 2008-2009, ces dernières affichent une hausse en 2010 et les premiers chiffres de 2011 semblent aller en ce sens. Ces signes encourageants résultent notamment «d'un besoin de logements et du goût des Français pour la propriété», explique Didier Moizo, conseiller sectoriel Euler Hermes.

 

Outre la France, l'Allemagne affiche aussi un redressement avec des prix des logements stables et faibles. Cette tendance plutôt optimiste est due à «une baisse démographique» et une vision du logement «qui sert plus à se loger qu'à faire des plus-values», souligne Didier Moizo. Troisième pays à émerger de la crise : le Royaume-Uni qui propose un léger rebond après une forte chute.

 

Des pays en difficulté
Face à ces légers regains, des pays ne parviennent toutefois pas à entrevoir le bout du tunnel. C'est le cas de l'Italie avec une activité faible et plus particulièrement des mises en chantier qui ne décollent pas. De leur côté, les Etats-Unis sont englués dans la dette et les mises en chantier ne repartent pas à cause d'un stock important d'environ 3 millions de biens qui ne s'écoulent pas. Résultat : pas d'espoir à long terme de reprise. Enfin, la situation la plus préoccupante reste pour l'Espagne, avec un taux d'endettement élevé, des stocks importants et beaucoup de logements vides. Le pays «s'installe dans une crise durable», pronostique Euler Hermes.

 

Paradoxalement, les premiers à être entrés en crise ne sont donc pas les premiers à en sortir : «Les Etats-Unis et l'Espagne sont fortement impactés mais il faut souligner qu'ils sont dans le rouge depuis 2007, soit avant la répercussion de la crise, notamment en raison de surproduction», précise Didier Moizo. Et l'avenir s'annonce difficile pour ces pays car les taux d'intérêts restent un facteur de fragilité important.

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