ECOLOGIQUE. Fidèle à son habitude, Vincent Callebaut a présenté, dans le cadre d'une compétition internationale, un projet d'aménagement urbain des berges du fleuve Yeouido à Séoul (Corée du Sud) qui fait la part belle à la végétation et aux énergies vertes. Il comporte un terminal de ferries, un parc et un complexe culturel installés dans une vaste structure creuse. Découverte.

La municipalité de Séoul est à la recherche de nouvelles façons d'investir dans des infrastructures favorisant la cohésion sociale entre différents groupes socio-économiques, qui y auraient accès de manière équitable. Vincent Callebaut, architecte dont les propositions sont souvent poétiques, répond cette fois en imaginant "un vaisseau flottant à l'architecture biophilique et résiliente". Baptisé "Manta ray", il vise à "amplifier l'irrigation naturelle du site" en transformant le parc Yeouido "en une forêt écologique de saules" et en créant "une bande filtrante de végétation sous forme de marécages" sur les berges du fleuve Han.

 

 

L'aménagement paysager, "perméable", deviendrait un équipement ainsi qu'un hub culturel en abritant pas moins de quatre fonctions différentes. Tout d'abord, un terminal flottant pour les ferries de 9.100 m², qui aura la capacité de suivre la montée des eaux du fleuve lors des crues de la mousson qui peuvent atteindre 5 mètres de hauteur. L'architecte qualifie cet embarcadère comme "la figure de proue du projet global", qui gèrerait le transport fluvial du public et accueillerait des espaces culturels exposant l'histoire des lieux.

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Manta ray : une marina protégée

Manta ray
Manta ray © Vincent Callebaut Architectures
Des digues flottantes en acier seront raccordées par des joints souples afin d'encadrer la marina et protéger les petites embarcations du courant. Ces jetées intégreront des installations techniques dans un double plancher, qui permettront d'approvisionner les bateaux taxis, yachts et autres navires en eau potable, électricité et biocarburant. A 60 mètres de la rive, un long ponton rectiligne assurera l'amarrage simultané de cinq grands bâtiments, dont le déplacement atteindra les 700 tonnes. Un théâtre flottant situé au cœur de la marina constituera le centre d'attraction. Sa stabilité sera assurée par un réseau de chaînes reliées à des corps morts en béton recyclé, immergés dans le fond de la rivière.

 

Manta ray : une structure nid d'abeilles en CLT

Manta ray
Manta ray © Vincent Callebaut Architectures
Deuxième aménagement, celui des rives proprement dites, où seraient rapatriées de larges terrasses et des sentiers de transports doux, ainsi qu'un amphithéâtre de bord d'eau qui profiterait de la pente naturelle du terrain. Des bars itinérants, hébergés sur des barges, pourraient renforcer l'attrait des lieux. Le plateau haut de Manta ray sera, quant à lui, occupé par 8.500 m² de terrasses qui longeraient la route Yeoui-Dong et les alignements de cerisiers. Cette fois, des restaurants et des boutiques de produits biologiques assureront l'essentiel de l'activité commerciale.

 

 

Les superstructures arborescentes seront réalisées en bois CLT qui adopteront un schéma en nid d'abeilles. Dans les troncs, des escaliers spiralés et des ascenseurs vitrés donneront l'accès aux installations de service et de loisirs situées dans les étages supérieurs.

Manta ray : un centre culturel

Manta ray
Manta ray © Vincent Callebaut Architectures
Enfin, un complexe culturel de 8.000 m² viendra compléter l'ensemble en accueillant des expositions permanentes et temporaires, accompagné d'ateliers créatifs à destination des enfants et d'un centre d'expérimentation scientifique. Le projet "Manta ray" se veut également exemplaire en termes d'impact environnemental avec une forte production d'énergies renouvelables. Le rooftop, par exemple, intégrera 4.550 m² de capteurs photovoltaïques polycristallins, tandis que la rive de toiture sera bordée de 3.500 m² de panneaux thermiques opaques. Le potentiel hydrolien fluvial sera également exploité grâce à des turbines à ailes oscillantes intégrées à la coque du grand flotteur central.

 

Manta ray : des énergies vertes à foison

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Manta ray © Vincent Callebaut Architectures
De l'éolien sera intégré en toiture, avec l'installation d'une véritable forêt de turbines à axe vertical comptant 52 machines. Et la récupération des déchets organiques biodégradables provenant des plantations du parc servira à alimenter une centrale de biométhanisation fournissant des calories à toutes les installations. L'architecte assure : "Ces sources d'énergies renouvelables fonctionnent de manière collaborative et permettent aux quatre cœurs du projet d'échanger en temps réel les énergies qu'ils produisent via un smart grid".

 

Manta ray : la fiche technique

Manta ray
Manta ray © Vincent Callebaut Architectures
Commanditaire : Seoul Metropolitan Government
Localisation : parc Yeouido sur le fleuve Han entre les ponts Mapo et Wonhyo
Statut : masterplan & concept
Surface : 25.600 m²

 

Manta ray : des formes rétrofuturistes

Manta ray
Manta ray © Vincent Callebaut Architectures
La grande casquette blanche posée sur pilotis et percée d'ouvertures rondes rappelle des constructions des années 1960, notamment le poste frontière entre Menton et Vintimille, aperçu dans "Le Corniaud".

 

Manta ray : les proportions

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Manta ray © Vincent Callebaut Architectures
Le terminal des ferries et la marina forment une structure de 200 mètres de diamètre. Le sommet des éoliennes à axe vertical tutoie les 50 mètres d'altitude.

 

Manta ray : une couronne végétale

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Manta ray © Vincent Callebaut Architectures

Manta ray :

Manta ray
Manta ray © Vincent Callebaut Architectures
Le fleuve Han est très large : il atteint 1 km au cœur de la capitale coréenne. Mais il est cependant enjambé par plus d'une vingtaine de ponts. Ici, le Mapo Bridge.