Sans surprise, la construction figure toujours parmi les secteurs les plus touchés par les maladies professionnelles. Selon une étude de la Dares, deux pathologies forment, à elles-seules, près de 93% des problèmes de santé des salariés : les troubles musculo-squelettiques (TMS) et les affections liées à l'amiante. Résultats en détail.

A l'heure où la pénibilité est au cœur des débats de la réforme des retraites, la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) vient de publier une étude sur l'exposition des salariés aux maladies professionnelles. Résultat : deux pathologies constituent près de 93 % des 44.000 maladies professionnelles reconnues en 2007 par la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAM-TS) : les troubles musculo-squelettiques (TMS) et les affections causées par l'amiante. Premier constat : des différences entre les sexes existent. En effet, les femmes encourent plus de risques de TMS que les hommes.

 

Outre cette inégalité, les disparités s'accumulent selon les domaines d'activités puisque tous les salariés ne sont pas tous logés à la même enseigne. Les plus touchés sont ceux de l'industrie de la viande, de l'habillement, des équipements du foyer, la blanchisserie mais aussi de la construction. Les ouvriers du bâtiment sont particulièrement concernés par les TMS des membres inférieurs, notamment le genou, et regroupent à eux-seuls 70% des cas. Ce sont les poseurs de revêtements et carreleurs (18 % des cas), les couvreurs-zingueurs (14 %), les maçons et les plombiers, tuyauteurs (10 % chacun) qui sont les principales victimes de cette souffrance.
Autre TMS important, celui lié au rachis dont 25% des cas sont à attribuer au secteur de la construction. Selon la Dares, il serait le plus grave avec 7 cas d'incapacité permanente partielle sur 10. Les pathologies du rachis surviennent le plus souvent chez les conducteurs de poids lourds et les maçons (10 % des cas chacun).

L'amiante, un risque indéniable

Si les TMS font de réels dégâts sur les corps, les maladies provoquées par l'amiante ne sont pas en reste. Elles représentent 15% des maladies professionnelles et touchent presque exclusivement les hommes. Près de 70% d'entre elles sont des plaques pleurales, non mortelles. Toutefois, un quart sont des cancers et l'amiante est source de 9 cancers reconnus comme professionnels sur 10. Et les métiers en ligne de mire ont été identifiés. Ainsi, une victime reconnue sur quatre est issue des branches tôlier-chaudronnier, plombier ou tuyauteur, soudeur ou oxycoupeur ou maçon. Enfin, même si elles sont moins nombreuses, les maladies de la peau de type dermatose affectent les maçons, soit une victime du ciment sur deux.

 

Si l'étude trace les grandes lignes des facteurs de maladies professionnelles, reste à savoir si ces conclusions seront prises en compte dans la prochaine loi sur les retraites. D'autant plus que le volet sur la pénibilité fait débat et peine à trouver un consensus au sein des différents organismes. Au mois de juin dernier, Olivier Diard, délégué général de la FNSCOP BTP s'inquiétait : «Cette question de la pénibilité nous préoccupe beaucoup, mais il faut éviter de stigmatiser les professions comme la nôtre». Surtout à l'heure où le BTP se bat pour combler le manque d'effectifs. De leur côté, deux associations, l'Andeva et la Fnath, luttant pour faire valoir les droits des victimes de l'amiante ont déclaré que le texte sur la pénibilité était «injuste, inéquitable et de mauvaise foi». Avec une nouvelle mobilisation programmée le 23 septembre, les questions sur la pénibilité devraient encore alimenter les discussions.

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