Les UNA "Métiers de la pierre" et "Maçonnerie-Carrelage" de la Capeb révèlent leur programme de travail avant les Journées Professionnelles de la Construction, qui se tiendront à la fin du mois de septembre 2014. Les deux unions souhaitent mettre l'accent sur la formation et l'acquisition de nouvelles compétences.

Les présidents des deux Unions Nationales de l'Artisanat des "Métiers de la pierre" (UNA MP) et de la "Maçonnerie-Carrelage" (UNA MC), Christian Schieber et Dominique Metayer, sont d'accords : un effort doit être entrepris sur la formation. "Nous avons travaillé sur les référentiels, qui ont été totalement refondus", explique le premier. "Les CAP sont terminés avec deux cursus de deux ans bien distincts, 'Tailleur de pierre' et 'Marbrier du bâtiment et de la décoration'. Nous finalisons actuellement les référentiels du Bac Pro. Nous avons également travaillé sur le métier de graveur sur pierre en nous orientant vers un brevet des métiers d'art, pour des applications dans le domaine funéraire mais également dans la décoration", poursuit-il. "Nous avons besoin de jeunes et d'apprentis, mais il existe un ensemble de problèmes dans la manière d'apprendre le métier, qui est peut-être un peu obsolète. Cela coince à tous les niveaux", déplore Christian Schieber.

Persistance de certains freins

Le président de l'UNA MP explique : "Employer des jeunes de 18 ans, féminiser la profession… Il existe encore des freins qui font dire 'non' aux entreprises au moment de les accueillir, car elles doivent s'adapter tout de suite à les recevoir, sans aucune période d'adaptation". Le nombre d'apprentis a donc chuté, malgré la volonté des pouvoirs publics, passant de 80.000 à 60.000. De son côté, Dominique Metayer renchérit : "Il est difficile pour un chef d'entreprise de s'engager pour deux ans à prendre des apprentis. Les sociétés ont des carnets de commandes pour 3 ou 6 mois, plus rarement 12. Et rompre un contrat d'apprentissage est une situation compliquée…". Le président de l'UNA MC précise : "Nous sommes dans une configuration spéciale, sur le plan économique, avec 6 ans de crise généralisée et en particulier dans le bâtiment. Le contexte est tendu et il y a eu de nombreuses pertes d'emplois".

Répondre aux contraintes et obligations réglementaires

Pour lui, la réponse réside encore dans la formation : "Il faut continuer à se former pour répondre aux contraintes et aux obligations toujours plus pointues. Cela permet de développer de nouvelles compétences et d'adopter de nouvelles techniques. Nous espérons retrouver une activité soutenue pour pouvoir réembaucher et répondre aux sollicitations en termes de sécurité et de santé du bâti. Nous allons travailler pendant les Journées Professionnelles de la Construction à trouver des solutions". Selon Dominique Metayer, l'accent devra être mis sur la performance du bâti, au regard des qualités différentes des techniques disponibles. "Elles doivent permettre de répondre en termes de thermique et d'acoustique, ce dernier sujet étant plus complexe encore, mais également sur la réglementation sismique qui se met en place. Elles doivent également apporter des réponses au niveau incendie et impact environnemental car nous utilisons des matériaux pondéreux imposant de limiter le transport et de favoriser les ressources de proximité afin d'éviter un renchérissement", détaille-t-il.

Démocratiser le métier de chapiste

Interrogé sur le métier de chapiste, le président de l'UNA MC s'épanche : "C'est une technique innovante, développée par les industriels qui a mené à la création d'un nouveau métier. Elle ne peut plus être considérée comme expérimentale car plusieurs millions de m² sont réalisés. Mais il y a un verrouillage accentué, lié au niveau de formation demandé : de 700 à 800 heures ! Comme les connaissances sont complémentaires à notre métier de base, elles ne devraient pas nécessiter autant d'heures. Il faudrait une formation adaptée, réduite à 1 semaine environ, pour que les professionnels s'approprient cette technique (aplomb, planimétrie, préconisations…)". Dominique Metayer déplore que ce savoir soit limité à un faible nombre d'entreprises au détriment du plus grand nombre. Il propose notamment que des échanges soient entamés et de faire entrer cette technique dans le champ des DTU. "Il faut qu'il y ait une liberté d'exercer nos métiers. Il faut donc qu'on en parle ensemble et qu'on travaille avec les industriels détenteurs du savoir", conclut-il.

DTU, accessibilité...

Pour les activités du carrelage, c'est l'accessibilité qui sera discutée en priorité. Là encore, le président de l'UNA MC voit dans les obligations réglementaires une opportunité pour enrichir les connaissances et développer les carnets de commandes des professionnels. Il souhaite également leur permettre d'accéder aux avantages des aides financières, expliquant que tous les artisans devaient être égaux. Christian Schieber, son alter-ego de l'UNA MP, insiste, quant à lui, sur la question des pierres précontraintes, qui sont d'une mise en œuvre facilité et qui présentent une grande résistance. Lui aussi souhaite que cette technique soit démocratisée. Il insiste également sur la gestion nécessaire des désordres qui, selon lui, ne se résolvent pas assez par des discussions mais trop souvent devant des tribunaux. Dominique Metayer estime que la qualification des entreprises, qui ne concerne encore que 10 % des effectifs, servira à attester des compétences et à différencier les professionnels : "C'est bien pour faire du travail de qualité et pour décrocher des affaires. Il faut que les clients s'y retrouvent en termes de sécurité dans les travaux et qu'en cas de pépin, les assurances soient là".

 

Le secteur Maçonnerie-Carrelage en 2014 :
93.651 entreprises
15.257 auto-entrepreneurs
207.750 salariés (-2,63 %)

 

Le secteur des Métiers de la pierre en 2014 :
5.142 entreprises
27.584 salariés (-0,14 %)

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