La Fondation Abbé Pierre a réalisé une rétrospective de la politique du logement de l'actuel gouvernement. Christophe Robert, le délégué général, a livré son sentiment : "3,2 milliards d'économies dans les APL, c'est une saignée sans précédent !". Exprimant une "vive inquiétude", il a souligné que les organismes HLM vont perdre gros : -1,5 Mrd €, ce qui aura pour conséquence inévitable de baisser la production de logements sociaux, alors que les besoins restent importants. Une information confirmée par Alain Cacheux, le président de la fédération nationale des Offices Publics de l'Habitat, qui annonce que moins d'investissements seront forcément réalisés, qu'il s'agisse de constructions neuves ou de rénovations. Sur l'aspect thermique justement, la Fondation Abbé Pierre a rappelé les objectifs ambitieux annoncés par Nicolas Hulot et la montée en puissance du programme "Habiter Mieux" de l'Anah. Mais Christophe Robert tempère : "La marche à franchir reste importante, quantitativement mais également qualitativement". Pour lui, les fonds investis dans la lutte contre la précarité énergétique doivent vraiment mener à une diminution des charges pour les occupants.

 

 

Autre point d'inquiétude, le décret sur la décence des logements, n'intègre toujours pas de définition précise. Et le chèque énergie, dont le montant a été revu à la hausse (+50 €) serait toujours trop faible pour réellement impacter les choses. Pour Christophe Robert, les moyens dédiés à l'effort pour le logement seraient donc trop faibles : "Seulement 1,69 % du PIB en 2018, contre 2 % en 2009. Comment faire plus et mieux avec moins ?", s'interroge-t-il. Fustigeant encore la baisse des APL, il a vilipendé "des mesures socio-fiscales inégalitaires", avec deux poids et deux mesures, et des avantages pour les ménages les plus riches qui capteront l'essentiel des gains (suppression de la taxe d'habitation, abattements).

 

Lutter contre les escrocs et construire plus de logements

 

 

Des points sur lesquels Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, a répondu : "Le budget 2018 préservera les fonds pour 'Le Logement d'abord'". Il a tenu à rappeler l'engagement total des services de l'Etat pour traduire les promesses faites par le candidat, puis le président Macron, réitérés lors de la cérémonie des vœux du 31 décembre. Le ministre a annoncé vouloir "baisser drastiquement" le nombre d'expulsions locatives en France dans les 5 ans, nombre qui est aujourd'hui de 15.000 par an. Le gouvernement souhaite produire plus de logements abordables, mobiliser le parc privé pour la location intermédiative, et créer 40.000 logements très sociaux chaque année. A propos du surpeuplement, il évoque l'intensification de la "lutte contre l'habitat indigne et les marchands de sommeil en les sanctionnant pénalement". Et Jacques Mézard prévoit également la production de 60.000 logements étudiants plus 20.000 logements pour les jeunes actifs. "Il faut détendre le marché, mobiliser le foncier pour de grandes opérations d'urbanisme, faciliter la construction", énumère le ministre de la Cohésion des territoires pour qui l'application de la loi SRU, doit être faite de façon juste et équilibrée. Il aurait notamment demandé aux préfets de maintenir la pression.

 

Enfin, sur l'encadrement des loyers, annulé par la justice à Lille et Paris au grand désespoir de la Fondation Abbé Pierre, Jacques Mézard a déclaré : "J'ai pris la décision de relever appel des décisions des deux tribunaux administratifs. Il faut permettre de faire le bilan de ce qu'il se passe sur les deux territoires et mettre en place des observatoires des loyers avant de prendre des décisions adéquates". Le ministre a conclu son intervention en martelant : "Les mises en chantier sont en hausse, et cette dynamique doit se poursuivre. Nous ferons le maximum pour que ce rythme soit maintenu et augmenté". Les acteurs de la lutte contre le mal-logement n'ont pas caché leur impatience.

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