Alors que le concept de "drive" est en plein essor, également dans le secteur du bâtiment et de l'univers de la maison, l'Assemblée nationale a adopté, vendredi 13 septembre, un encadrement à l'égard de ces dépôts ainsi que d'autres modifications des règles d'urbanisme, dans le cadre du débat actuel sur le projet de loi Duflot. Les professionnels du négoce dans le bâtiment réagissent.

Après quelques années d'observation dès sa création en 2004 - le groupe Auchan a été le premier à avoir eu l'idée- la grande distribution dans son ensemble s'est lancée dans l'aventure du développement des "drive". Un entrepôt où les clients viennent chercher en voiture leurs commandes, essentiellement alimentaires, après en avoir passé commande sur Internet - d'où le terme "drive" qui signifie "conduire" (une voiture) en anglais.

 

La cadence demeure rythmée : près de 80 drives tous secteurs confondus sont apparus en juillet et en août derniers. Mais leur succès, les "drive" seront désormais soumis à des demandes d'autorisation commerciale, comme les autres commerces, prévoit l'une des dispositions du projet de loi Alur - adopté vendredi 13 septembre-. Jusqu'alors, la seule condition exigée pour ouvrir un "drive" était d'avoir un permis de construire, rappelle le texte du futur projet de loi.

 

Remise en cause du caractère dérogatoire de l'urbanisme commercial
Le débat a en effet suscité de vifs échanges parlementaires d'autant plus que "la régulation ne sera pas rétroactive, mais reste nécessaire vu le nombre de dossiers de construction en cours", avait plaidé le jour même la ministre du Commerce, Sylvia Pinel.

 

Au final, seuls les "drive" pleinement intégrés à un magasin existant et n'entraînant pas la création d'une surface de plus de 20 m² n'auront pas besoin d'une autorisation d'exploitation commerciale, d'après un amendement radical de gauche voté également vendredi 13 septembre.

 

En résumé malgré de nombreuses divisions des acteurs de la grande distribution, le projet de loi tente de remettre en cause le caractère dérogatoire de l'urbanisme commercial, en intégrant des propositions du président PS de la commission des Affaires économiques François Brottes.

 

Une pluie d'amendements
Par ailleurs, des amendements gouvernementaux prévoient de "renforcer la planification à la bonne échelle pour construire l'armature commerciale des territoires", en la faisant reposer essentiellement sur les schémas de cohérence territoriale (SCoT), et à défaut sur les plans locaux d'urbanisme intercommunaux (PLUI). De plus, un autre amendement du gouvernement voté vendredi prévoit que la "procédure d'autorisation d'exploitation commerciale soit intégrée dans la procédure de permis de construire et que le permis de construire tienne lieu d'autorisation d'exploitation commerciale." A suivre.

 

 



Les professionnels du négoce s'interrogent
Chez les négoces du bâtiment, cet encadrement de ce secteur, qui bénéficiait jusqu'ici d'une presque totale liberté d'ouverture, n'est pas vu forcément du bon œil. Au moment même où les ouvertures voient le jour dans le domaine de la maison et de l'aménagement, à l'image de Lapeyre à Bordeaux, ou de BigMat Balitrand à Cannes-La Bocca.

 

"Il existe des lois du marché, il faut les laisser se développer , nous indique ainsi Jean-Marc Corporandy, président du directoire du groupe Balitrand (BFSA). Le drive ? C'est une demande de la clientèle et ce n'est pas une invention de la distribution. On conçoit une régulation globale, en revanche vers quelle surface va-t-on autoriser ?" Depuis l'ouverture d'un drive dans le sud-est de la France sur un site de 15.000 m², Jean-Marc Corporandy, observe bien que la "mise à disposition des produits est plus rapide." Et d'ajouter : "Sur notre pointe de vente, qui s'étend sur une surface de 2.000 m² en libre-service, nous avons pu d'ores et déjà chronométrer le temps de passage moyen des artisans, ce qui confirme que notre concept fonctionne bien su-mesure."

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