Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 16% des accidents du travail et 30% des décès dans le BTP sont dus à des chutes de hauteur. D'où le lancement d'une campagne nationale intitulée "Travaux en hauteur, pas droit à l'erreur", à l'initiative de six organismes autour de la Direction générale du Travail. Explications.

Une chute toutes les cinq minutes en France : c'est le constat établi dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Toutes ne sont pas mortelles* - heureusement - mais représentent un lourd handicap pour les entreprises du secteur et également pour les assureurs.

 

Entre le 1er avril et le 13 mai 2014, le Directeur général du Travail, Yves Struillou, a pu énumérer quatre accidents mortels dus à des chutes d'échafaudage, de toiture ou même d'échelle. "C'est un enjeu majeur, notamment sur le plan humain, a-t-il indiqué, ce lundi, lors d'un point presse. Un enjeu pour les hommes, leurs familles… mais aussi pour les entreprises de petite taille" qui restent bien souvent en marge des actions de prévention et de sensibilisation. "Il faut qu'il y ait une prise de conscience de tous les acteurs pour ce sujet qui est devenu une cause d'envergure nationale", a-t-il ajouté.

 

Cause d'intérêt général
D'où le lancement, à partir du 2 juin prochain, d'une grande campagne d'information intitulée "Travaux en hauteur, pas droit à l'erreur", placée sous l'égide du ministère du Travail et de six organismes**, dont l'OPPBTP. "C'est un message d'action concret pour les chefs d'entreprise", a souligné Yves Struillou. Parmi le public visé, en effet, les chefs d'entreprise, mais aussi les maîtres d'ouvrage. Reconnaissant que des actions sont menées sur le sujet des risques du travail en hauteur depuis de longues années, il a expliqué qu'il fallait "aller plus loin".

 

Même son de cloche du côté de l'OPPBTP, qui précise que si la sinistralité en la matière a baissé ces dernières années [un chiffre divisé par deux en 25 ans], "le travail n'est pas fini et des progrès sont à faire car la sinistralité est toujours trop importante", a détaillé Paul Duphil, secrétaire général de l'organisme de prévention. Et de rappeler que 16% des accidents du travail et 30% des décès sont dus à des chutes de hauteur…

 

Travaux en hauteur
Travaux en hauteur
L'accompagnement terrain primordial
En cause ? La fragilité des matériaux, en toiture notamment, la présence de nombreux trous sur les chantiers (trémies, ouvertures…). "Des causes trop bien connues mais qui nécessitent l'application de règles simples", a-t-il renchéri : anticiper l'organisation sur les chantiers ; posséder les bons équipements ; former et informer les salariés. "Les maîtres d'ouvrage ont un rôle très important à jouer. La prévention, c'est aussi de leur responsabilité", a-t-il asséné.

 

Concrètement, deux dispositifs seront mis en place. A destination des entreprises, d'une part, et des maîtres d'ouvrage, d'autre part, ils se déploieront à coup d'affiches, de site web dédié, de stickers, de dépliants, mais aussi d'un courrier signé par le ministre du Travail, François Rebsamen, adressé à 30.000 entreprises du BTP et 15.000 collectivités territoriales et établissements hospitaliers. En outre, des insertions dans la presse professionnelle print et web sont prévues, de même que des actions sur les salons régionaux, des partenariats avec des organisations comme le CCCA-BTP ou ProBTP, ainsi qu'un partenariat exclusif avec l'enseigne Kiloutou. Coût total : environ 350.000 €, nous confie Paul Duphil (OPPBTP).

 

L'accompagnement sur le terrain sera aussi l'une des principales clés de cette campagne, via une convention signée entre l'OPPBTP et le CNAM-TS pour une durée de 4 ans. Conseil, formation, information et documentation, et incitation financière seront au menu de ce partenariat qui bénéficiera aux entreprises de construction en priorité, aux maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre et coordonnateurs SPS.

 

Coup de pouce financier
Parmi les aides financières, celle de l'OPPBTP qui élargit, pour l'occasion, à la prévention des risques de chutes de hauteur son dispositif de subvention destiné à l'acquisition d'équipements permettant d'améliorer les conditions de travail. Ainsi, ces subventions porteront sur les équipements autres que les échafaudages (5.000 € maximum pour un investissement de 15.000 €). Plateformes individuelles roulantes (PIR), plateformes individuelles roulantes légères (PIRL), quais de chargement/déchargement, passerelles et escaliers de chantier… font partie des matériels éligibles à la subvention. De son côté, la CNAM-TS a mis en place, il y a environ 1 mois, une aide baptisée "Echafaudage +", dont le financement est pris sur le fonds de prévention des accidents du travail. Doté de 50 M€ chaque année, il va pour moitié aux contrats de prévention, l'autre moitié étant réservée à des aides financières simplifiées. Dans le cas des échafaudages, ce sont les entreprises de moins de 50 salariés qui pourront profiter de ces aides variant de 3 à 6.000 € selon la capacité de l'équipement.

 

Pour le moment, il n'a pas été annoncé d'objectifs chiffrés en matière de baisse espérée de sinistralité, mais les observateurs auront à l'œil deux indicateurs : le nombre d'accidents répertoriés, et la mise en place des outils de suivi des actions. "L'objectif est de sauver des vies", a conclut le Directeur général du Travail.

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