Le spécialiste de l'électricité Legrand, partenaire d'Electriciens sans Frontière depuis 2007, a décidé de lancer une opération plutôt inhabituelle. Ici, pas de mécénat avec l'ONG mais la création d'un programme pour faire du business sur de nouveaux marchés. Explications.

Voici une collaboration qui peut paraître surprenante au premier abord. Et pourtant. L'électricien Legrand lance un programme "business" avec l'ONG, Electriciens Sans Frontière (ESF).

 

L'idée ? S'appuyer sur les compétences et les observations de terrain de l'association pour adapter des produits aux besoins et aux spécificités locales de pays, notamment dans les nations émergentes. "Il s'agit de penser différemment les produits. On n'est pas dans un programme de mécénat mais bien dans un programme pour faire du business", explique Hervé Pernat, directeur du développement durable et des processus stratégiques du Groupe Legrand. Partenaires d'ESF depuis six ans, Legrand, qui jusqu'à présent apportait un soutien classique de mécénat que ce soit en termes de production, de compétences ou de finances, souhaite aller plus loin via le programme, baptisé Electricity for all. Ce dernier repose sur des projets d'électrification,de développement de produits, de missions de recherche, etc. Par exemple, les portables, très répandus dans certains pays comme l'Inde, nécessitent des solutions efficaces pour les recharger. Ainsi, une réflexion est lancée sur des systèmes économes en énergie et à faibles ampérages.

 

Pas de solutions "gadgets"
Si le partenariat a un intérêt certain pour Legrand, quel est celui de l'ONG ? Pour Marc Gratton, Délégué général d'ESF, "les problèmes liés à l'énergie ne peuvent pas se résoudre seul. Il faut de nombreux financements et une ONG n'est qu'une goutte d'eau dans ce panorama". "Il faut être pragmatique et avoir une vision plus large que de simples opérations ponctuelles", indique-t-il. Jouant un rôle d'intermédiaire, ESF, qui intervient dans une quarantaine de pays, livrera notamment son approche technique : "Il faut faire attention à certaines démarches. Par exemple, il y a eu une mode de lampes portatives qui fonctionnent avec des panneaux solaires mais ce genre de produit n'est pas viable dans la durée. C'est une solution "gadget". Nous devons proposer des installations qui s'inscrivent dans la durabilité économique et sociale", précise Marc Gratton. D'ailleurs, l'ONG n'oublie de prendre en compte dans ces projets l'ensemble des problématiques notamment celle de l'accès à l'eau ou du développement des réseaux.

 

Des partenariats avec les énergéticiens locaux
Reste une question primordiale pour Legrand : comment accédera-t-il aux marchés ? Plusieurs réponses sont avancées notamment la greffe à des partenaires réseaux, à des canaux distribution ou encore aux énergéticiens. La première étape du projet concernera l'Inde car Legrand est déjà présent avec 7 usines et que le maillage réseaux existe dans le pays : "Les énergéticiens locaux ont même des sous-maillages et il y a des choses à faire avec eux", complète Hervé Pernat. L'Amérique du Sud est aussi en ligne de mire du fait de l'implantation de l'électricien sur le territoire : "Cela marchera d'autant mieux si nous disposons sur place d'équipes de R&D et si nous impliquons des équipes locales", conclut Hervé Pernat.

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