Techniquement, les difficultés des analyses sont nombreuses : outre le manque d'homogénéité de la répartition des fibres, et les très faibles quantités à détecter, leur incorporation dans un matériau noir, rend impossible l'utilisation de certaines technologies (spectromètre portable). L'analyse in situ écartée, l'étape du laboratoire s'impose donc. "Mais il n'est pas aisé de détruire la matrice sans abîmer l'échantillon", nous révèle Camille Méjean. Deux solutions s'offrent aux techniciens : le passage de la carotte dans un four à 480 °C pendant 8 heures, afin de faire disparaitre la partie bitumineuse, ou l'attaque au moyen d'agents chimiques, chloroforme et autres produits.

 

"Ce qu'il faut retenir c'est qu'il sera bientôt plus pertinent de parler de 'Particules minérales allongées' comme proposé par l'Anses, plutôt que d'amiante seul. Issues de matériaux minéraux proches et fibreux, elles seront potentiellement largement retrouvées, partout où il y a des granulats. Mais les quantités sont très faibles et sans impact s'il n'y a pas de poussières générées", nous explique la spécialiste de Ginger CEBTP. De quoi alarmer certains maîtres d'ouvrage soucieux d'éviter des problèmes sanitaires. "L'INRS tente de créer une base de données avec celles récoltées lors des étapes de rabotage des routes, mais elle est encore trop peu renseignée. Lorsque l'échantillon présente 0 fibre/litre d'air, les données sont écartées… ce qui fausse les statistiques globales", conclut-elle. La lutte contre ces matériaux volatils et insidieux est donc loin d'être terminée.

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