La construction du pont reliant la Crimée à la Russie, et franchissant le détroit de Kertch, a été confiée à la société Stroïgazmontaj, bien qu'elle n'ait jamais entrepris de chantier équivalent. Une décision hautement politique dans un contexte de sanctions internationales contre le gouvernement de Vladimir Poutine, obligé de se passer du financement des banques occidentales et du savoir-faire des groupes de BTP européens.

C'est un nouveau pas vers l'arrimage de la Crimée à la Russie : le gouvernement russe a publié un décret confiant à Stroïgazmontaj la construction du pont routier et ferroviaire qui doit permettre de franchir le détroit de Kertch. Le franchissement de ce bras de mer qui relie la mer Noire à la petite mer d'Azov permettra aux véhicules terrestres de ne pas transiter par le territoire ukrainien, au nord de la péninsule disputée. L'entreprise russe, qui n'a jamais édifié de pont, devra livrer l'ouvrage d'art au plus tard en décembre 2018, pour un coût maximum de 2,9 Mrds €.

Entreprise et financement 100 % russes ?

Le pont, plusieurs fois évoqué depuis les années 1990 et la séparation physique de la Crimée de la Russie, qui gardait pourtant à Sébastopol la majeure partie de la flotte de la mer Noire, mesurera environ 4,5 km. Son tablier, d'une largeur de 22 mètres, accueillera les chaussées d'une autoroute, plus une voie ferrée et une traversée piétonne. La capacité estimée est de 20 millions de traversées par an, soit 10 fois la population actuelle de la péninsule.

 

Dans le contexte actuel de sanctions occidentales contre le pouvoir de Moscou, le choix de cette société russe, détenue par le milliardaire Arkadi Rotenberg - un partenaire de judo de Vladimir Poutine - apparaît comme symbolique. Ce proche du pouvoir, qui figure en tête de liste des personnalités touchées par les mesures de rétorsion décidées par les Etats-Unis et l'Union européenne, se voit récompensé pour sa fidélité. La participation de groupes de BTP turc ou coréen est envisagée comme alternative à celle des entreprises européennes comme Vinci. Quant à la délicate question du financement, il devra être entièrement assuré par l'Etat russe, en l'absence de soutien des banques occidentales.

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