Avec un chiffre d'affaires qui devrait pointer à -5% en fin d'année, la première préoccupation du secteur du négoce bois et matériaux reste la relance de l'activité. Mais les mesures du gouvernement ont fini d'anéantir les espoirs des professionnels quant à une réelle reprise. En outre, certaines, comme le compte pénibilité ou plus récemment l'obligation de "reprendre" les déchets de leurs clients, ne devraient pas améliorer la situation. Etat des lieux.

L'année 2014 n'aura pas été celle du sursaut pour les entreprises du négoce bois et matériaux. Après un frémissement au premier trimestre, un printemps médiocre, un décrochage à l'été et un mois d'octobre très mauvais, rien ne va plus pour le secteur. "Et nous ne voyons pas d'indice pour inverser la tendance", note Géraud Spire, président de la Fédération du négoce bois et matériaux.

 

En cause ? Le blocage des investisseurs privés et des collectivités publiques, estime le président. De même qu'une réforme territoriale mal maîtrisée, selon lui, et des changements d'équipe n'ont pas arrangé les choses. "Tenir", tel a été le mot d'ordre de Géraud Spire devant des adhérents. Mais combien de temps, a-t-il interrogé. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Tous secteurs confondus, l'activité du négoce bâtiment affiche une baisse de chiffre d'affaire de l'ordre de -1,8 % sur une période cumulée de 12 mois. Dans le négoce de matériaux de construction et le négoce de bois, sur la même période, la baisse est de -2,2% pour les matériaux et de -3,1% pour le bois !

Des mesures qui deviennent des obstacles

Mais face au manque d'activité qui perdure après six années de crise, la seule variable d'ajustement serait la masse salariale, déplore-t-il. Soit une baisse des effectifs à court terme. Peu réjouissant. D'autant que les mesures prises et annoncées par le gouvernement ne sont pas de bon augure pour le secteur. Loi Alur, loi Hamon et sa mesure d'allongement des délais de paiement à 45 j fin de mois… Autant d'obstacles qu'a dû surmonter la profession. Sans compter le compte pénibilité, dont la FNBM demande simplement la suppression, ou au mieux un système moins complexe. "A ce titre, nous rejoindrons tous ceux qui s'opposent à cette mesure", confirme Géraud Spire. Seule note positive, la fin de l'écotaxe grâce à un lobbying qui a porté ses fruits.

 

Le recyclage des déchets : une épine dans le pied

 

Dernière infortune de négoce bois et matériaux : un amendement voté dans le cadre de la loi sur l'économie circulaire, qui obligerait les distributeurs professionnels à collecter les déchets de leurs clients. Le terme exact étant "reprendre", signale le président de la FNBM. Et de s'interroger : devra-t-on aller chercher les déchets chez nos clients ? Attendre qu'ils les déposent dans nos points de vente ? Des questions qui restent aujourd'hui sans réponse, "mais surtout qui montrent que les pouvoirs publics sont déconnectés de la réalité", s'insurge-t-il. De la même façon, combien de bennes faudra-t-il installer sur les points de vente ? Posant alors l'épineuse problématique du foncier disponible pour le faire… L'idée pourrait être alors de mutualiser les forces entre les points de vente. En attendant, le négoce ne décolèrent pas et n'entendent pas en rester là.

 

"Pourquoi ce serait aux distributeurs de collecter les déchets alors qu'ils ne sont pas producteurs de ces déchets ? Ce n'est pas de leur responsabilité", s'étonne Géraud Spire. Et d'ajouter : "On a du mal à comprendre". Même si en filigrane, le président de la FNBM nous explique que cette mesure vient d'une directive qui indique que les collectivités doivent créer des déchetteries pour les artisans. Dans les faits, on en est loin, et du coup, les artisans ont tendance à se débarrasser de leurs déchets de façon anarchique et, lorsqu'il y a bien une déchetterie, on leur refuse l'accès. D'où ce projet de loi, dont le débat au Sénat se poursuivra en février prochain, pour une deuxième lecture au printemps. "D'ici là, nous avons le temps de faire le lobbying nécessaire", conclut Géraud Spire.

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