SOLUTION TECHNIQUE. C'est l'invention de trois ouvriers alsaciens qui a été récompensée par le jury du 144e Concours Lépine : le "granulateur mobile H-énergie" permet de recycler les déchets agricoles en granulés pour chaufferies biomasse. Monté sur une remorque, il se déplace sur les gisements et produit localement un combustible peu onéreux. Explications avec Charles Herrmann, un des co-inventeurs.

"Le bon sens en action". Telle pourrait être la devise des artisans alsaciens, Charles Herrmann, Xavier Rémond et Philippe Durrhammer, tous trois meilleurs ouvriers de France, qui planchent depuis plus de 3 ans sur une invention à la fois simple et efficace. "A part pour la production de granulés de bois à partir de sciure, rien n'existe pour transformer les déchets de l'agriculture en granulés", nous résume le premier. S'inspirant de leurs aïeux, qui faisaient des sarments de vigne un combustible pour la cheminée, ils ont inventé le "Granulateur mobile H-énergie".

 

La machine, récompensée à la Foire de Paris par le Prix du Président de la République, dans le cadre du prestigieux Concours Lépine, transforme donc les déchets agricoles (comme les pailles de maïs) ou viticoles (comme les sarments) en granulés qui s'avèrent deux fois moins chers que le fioul ou le gaz naturel. "Elle permet aux producteurs de s'auto-suffire. Il est impossible de trouver moins cher", nous assure le co-inventeur. Techniquement, le granulateur "avale" les déchets végétaux, les broie et les reconditionne en granulat utilisable dans des chaudières biomasse. "Le petit granulé est destiné à de petites chaufferies. Les plus grosses installations peuvent passer la matière en vrac", nous explique Charles Herrmann. La quantité traitée varie, mais elle oscille aux alentours d'une tonne de matière par heure. Côté rendement, deux heures sont nécessaires pour produire l'équivalent énergétique de 1.000 litres de fioul, mais avec une empreinte CO2 réduite.

Une machine ambulante adaptable à tous les déchets

"L'intérêt d'avoir la machine sur une remorque de camion est de pouvoir se déplacer sur les petits gisements, de 50 ou 100 tonnes de matériaux. Car ces quantités ne justifient pas la construction d'usines mais nécessiteraient des frais de transport lourds pour les acheminer ailleurs", estime l'inventeur. Un premier exemplaire du granulateur tourne déjà en région Alsace chez 6 ou 7 clients, où il produit environ 10 tonnes par jour. "La machine a déjà subi des modifications. On a augmenté la capacité de production grâce à des broyeurs plus importants", nous détaille-t-il.

 

Dans un avenir proche, les inventeurs espèrent adapter l'engin à d'autres matières premières comme la paille de colza, la paille de soja ou d'épeautre, de façon à la rendre totalement ubiquitaire. D'autant que, grâce à l'exposition médiatique obtenue depuis le Concours Lépine, les contacts sont nombreux. "Nous sommes surpris par l'intérêt suscité. Et les pays étrangers comme le Canada, l'Australie ou l'Egypte, se sont montrés encore plus intéressés que la France", nous confie Charles Herrmann. Aidés par la région Alsace, les trois partenaires estiment qu'il reste de nombreux secteurs à explorer avec la machine. Ils évoquent les déchets industriels et les boues d'épuration. "L'enjeu est de réduire les PCB (polychlorobiphényles) et les métaux lourds. L'idée est de neutraliser ces problèmes-là puis ensuite de récupérer l'énergie des déchets grâce à des chaudières à la conception particulière", nous précise le co-inventeur.

 

Très sollicités, les trois artisans de H-énergie annoncent que la machine sera visible au siège de l'entreprise, lors d'une opération portes ouvertes, les 6 et 7 juin prochain, à Wœllenheim.

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