JUSTICE. L'ex-ambassadeur de France en Syrie reconnaît avoir eu un entretien à l'été 2012 avec des dirigeants de Lafarge, dont le directeur général adjoint, actuellement mis en examen. La teneur des échanges reste, en revanche, différente selon leurs versions. Le diplomate pourrait avoir encouragé l'industriel à rester sur place, "les troubles" n'étant pas appelés à durer…

Eric Chevallier, ex-ambassadeur de France en Syrie, retrouve peu à peu la mémoire. Alors qu'il disait aux juges en charge de l'enquête ne "pas avoir souvenir" de rencontres avec des dirigeants du groupe cimentier Lafarge à propos de l'usine de Jallabiya, il explique désormais qu'un "entretien a bien eu lieu à l'été 2012". Dans un courrier datant du 15 janvier 2018, consulté par le quotidien Libération, il précise : "Je pensais que les responsables de Lafarge qui évoquaient l'existence d'entretiens se trompaient. D'autant plus que les propos qui m'étaient attribués ne correspondaient en rien à ce que j'aurais pu dire".

 

 

Lafarge encouragé à rester sur place malgré la guerre civile ?

 

Car de son côté, Christian Herrault, l'ancien directeur général adjoint de Lafarge, mis en examen aux côtés de cinq autres responsables du groupe, affirme que le diplomate "était au courant du racket" et aurait ajouté : "Vous devriez rester, les troubles ne vont pas durer". Ce que dément l'intéressé qui "confirme ne pas avoir conseillé le maintien de l'usine Lafarge en Syrie". Le Quai d'Orsay, qui déclare coopérer avec la justice en fournissant les informations et documents demandés, précise de son côté que "ni le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, ni aucun de ses agents, ne sont mis en cause par la procédure judiciaire en cours". L'association Sherpa, partie civile dans le dossier, a demandé l'audition du ministre des Affaires étrangère de l'époque, Laurent Fabius, afin de déterminer jusqu'où est remontée l'information de ces versements à des groupes armés (dont l'Etat islamique), d'un montant de plus de 12 M€.

 

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