Selon une enquête réalisée pour l'INRS, les chefs de petites et très petites entreprises se préoccupent de moins en moins des questions de santé et de sécurité au travail. Une conséquence des difficultés économiques récurrentes. Cependant, ils se déclarent plus nombreux à avoir mis en œuvre des mesures de prévention. Détails.

L'Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) commandite régulièrement des enquêtes sur les risques dans les petites entreprises (moins de 50 salariés). Réalisées selon les mêmes modalités (*) en 2007, 2010 et 2014, elles permettent de suivre l'évolution de ces questions. Et le niveau de préoccupation des chefs d'entreprises est en net recul : il est passé de 25 à 16 % dans les TPE (microentreprises de 1 à 9 salariés) et de 18 à 14 % dans les PE (petites entreprises de 10 à 49 salariés).

 

"Cette tendance (…) peut être expliquée par le contexte économique difficile de ces dernières années", explique l'INRS. Selon les résultats de l'enquête menée à la fin de 2014, les principaux sujets d'inquiétude sont le risque routier, le risque lié à l'activité physique et le risque de chute de plain-pied. Mais plus du tiers des chefs d'entreprise interrogés considèrent que leur activité ne présente pas de risque du tout pour leurs employés. Ils ne voient d'ailleurs pas d'intérêt au Document unique d'évaluation des risques professionnels. Néanmoins, entre 2010 et 2014, le nombre de dirigeants déclarant avoir mis en œuvre des mesures de prévention (protections individuelles ou collectives, interventions sur l'aménagement ou l'organisation, actions de formation, information aux salariés) s'est accru.

Exit le papier, place au numérique !

Les personnes interrogées déclarent trouver la documentation des organismes de prévention principalement en ligne. "Les chefs d'entreprise expliquent la baisse de l'utilisation des supports papier, que ce soit de la presse professionnelle, la presse quotidienne ou la documentation (…) par la facilité d'accès et d'archivage des formats numériques", précise l'INRS. L'étude révèle également que les dirigeants plébiscitent les fiches techniques et notices de fabricants : leur taux de consultation passe de 6 à 14 % dans les PE et de 4 à 18 % dans les TPE. Afin de poser des questions, ils se tournent vers les services de santé au travail (49 % des PE, 34 % des TPE). Quant à leurs attentes, les chefs d'entreprise s'estiment comblés : ils sont 84 % à estimer disposer de suffisamment d'outils de prévention (72 % dans les TPE) et la moitié d'entre eux déclarent même ne manquer de rien pour mettre en place des mesures.

 

"En conclusion, la prévention est principalement perçue par les chefs d'entreprise comme une contrainte. (Ils) ne vont pas, ou peu, chercher l'information qui, pensent-ils, leur parviendra d'une manière ou d'une autre si elle est importante", détaille l'INRS qui rappelle déployer, en partenariat avec la CNAMTS et le réseau des Carsat/Cramif/CGSS, des programmes d'actions visant notamment le secteur de la construction.

 

(*) échantillon d'environ 1.000 chefs d'entreprises (comptant entre 1 et 49 salariés) a été questionné par téléphone entre le 24 novembre 2014 et le 2 janvier 2015, par l'Institut ViaVoice.

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