Les Français les plus touchés par la précarité énergétique se trouvent en zone rurale : en cause, les hausses du prix des carburants et de l'énergie, et la vétusté du parc de logements anciens. Afin de faire face, les ménages concernés adaptent leurs comportements ce qui entraîne une réduction de leur confort. Détails.

Rat des villes et rat des champs ne sont toujours pas logés à la même enseigne. Telle est la conclusion d'une étude du Crédoc (Centre de recherches pour l'étude et l'observation des conditions de vie) portant sur la précarité énergétique en France. La vulnérabilité des Français face aux coûts de l'énergie liés au logement, et qui concernerait entre 2 et 3 millions de foyers, serait plus importante dans les campagnes que dans les centres urbains. Plusieurs phénomènes se cumuleraient.

 

Si se loger dans les villes coûte comparativement plus cher, c'est que les surfaces habitées sont plus petites. Or, la facture d'énergie est étroitement corrélée à la superficie du logement : la dépense augmente linéairement entre 40 et 120 m², à raison de 16 €/m². Pour les logements de taille inférieure, le manque de place limite le nombre d'appareils consommateurs d'énergie, alors que dans les habitations les plus grandes, l'accumulation d'équipements alourdit fortement la facture. Les ménages qui sont installés dans des petites villes ou des communes rurales ont donc des factures plus lourdes : +17 % par rapport à la moyenne nationale pour les foyers situés dans des villes de 2.000 à 20.000 habitants, et +23 % pour ceux qui sont en communes rurales. A l'inverse, les ménages situés dans des villes de plus de 100.000 habitants ont des dépenses moindres, de l'ordre de -14 %, et l'économie monte à -27 % dans l'unité urbaine de Paris. Rappelons que la dépense moyenne était estimée à 1.450 €/an (soit 120 €/mois) au milieu de la dernière décennie.

 

La dépendance au pétrole
Autre phénomène, la localisation résidentielle détermine également la source d'énergie. Plus la localité est insérée dans une zone urbaine, plus les ménages sont alimentés par des réseaux électriques ou de gaz. Inversement, plus la densité est faible, plus les foyers doivent s'alimenter avec des énergies issues du pétrole (même si les EnR progressent). Ces zones sont donc plus dépendantes que les autres aux évolutions du prix des hydrocarbures. Les ménages situés en zones urbaines seraient plus abrités des fluctuations tarifaires brutales grâce aux réseaux d'énergie et de transport. Car la consommation de carburant doit également être prise en compte : le recours à la voiture individuelle est plus important en dehors des centres urbains. La surconsommation de carburant résulte notamment dépenses de contraintes, liées aux déplacements domicile-travail, domicile-école et domicile-services (commerces, administration). Il convient donc de rajouter au prix du logement, le budget véhicule, non négligeable, qui s'élevait déjà à 1.650 €/an en 2006.

 

Intégrer le "coût résidentiel"
Résultat : les ménages résidant dans des petites villes ou à la campagne se restreignent plus régulièrement sur le chauffage et sur leurs déplacements que les ménages citadins. S'ils sont 19 % à Paris à déclarer jouer sur leur niveau de confort - en réduisant par exemple la température, en coupant le chauffage de certaines pièces et en limitant le kilométrage superflu - la proportion monte à 25 % dans les moyennes et grandes agglomérations (entre 20.000 et +100.000 habitants), à 33 % dans les petites villes et à près de 37 % dans les zones rurales. Le Crédoc propose donc que la notion de "coût résidentiel", cumulant le coût du logement (charges comprises) au coût de la mobilité, soit utilisée afin de constituer un indicateur pertinent d'analyse sur les inégalités sociales et territoriales en France.

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