Suite à la controverse touchant le passé de l'architecte Le Corbusier, et notamment son implication dans des mouvements fascistes, la Fondation dédiée à ce dernier, réclame aujourd'hui "une approche sereine et scientifique" de cette époque. Explications.

Le Corbusier était-il fasciste ? C'est la question qui secoue ces derniers temps le monde de l'architecture suite à la parution des ouvrages de Xavier de Jarcy ("Le Corbusier, un fascisme français"), Marc Perelman ("Une froide vision du monde") et François Chaslin ("Un Corbusier") qui mettent en exergue les relations qu'entretenait l'architecte avec certains membres du mouvement.

 

Aujourd'hui, la Fondation Le Corbusier "s'élève contre" les attaques portées contre l'œuvre de l'architecte, dans un communiqué publié vendredi à Paris, et souhaite "une approche sereine et scientifique" de cette époque. Condamner l'œuvre de ce grand architecte "sur la base de présupposés idéologiques et sans démonstration rigoureuse", indique la fondation, "est pour le moins hasardeux". Elle précise également que c'est "faire fi des dizaines de milliers de personnes qui, dans onze pays, sur quatre continents, vivent et travaillent dans des bâtiments construits par Le Corbusier". Elle déclare que "les documents écrits par Le Corbusier et mobilisés contre lui aujourd'hui ont été publiés ou mis à disposition par ses soins". Enfin, elle "considère que maintenir vivant son héritage ne doit pas conduire à sous-estimer ou marquer certains traits de caractère ou certains comportements" de l'architecte.

Un colloque en 2016

Cette polémique intervient alors qu'en ce moment se tient une exposition sur l'architecte à l'occasion de la commémoration du cinquantenaire de sa mort au Centre Pompidou à Paris. Lors de la présentation de celle-ci, les commissaires Frédéric Migayrou et Olivier Cinqualbre, avaient annoncé qu'un grand colloque organisé conjointement par le Centre Pompidou et la Fondation Le Corbusier aurait lieu en 2016. Un événement confirmé par la Fondation. Le but ? Faire toute la lumière sur le passé de l'architecte.

 

Lors de la visite de presse le 28 avril dernier, Frédéric Migayrou soulignait à propos des accusations de passé fasciste de Le Corbusier : "Cela mérite des recherches approfondies pour savoir si l'on peut lui attribuer une quelconque implication dans le régime de Vichy mais plus largement pour comprendre la position de tous les architectes et les urbanismes dans cette période de trouble de l'histoire". Et de conclure : "Il nous faut prendre le temps de relire les écrits de l'époque pour déterminer le contexte social, politique, institutionnel et c'est seulement à partir de ce moment-là que nous pourrons savoir ce qu'il en est réellement".

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