Le tribunal administratif de Paris vient d'annuler le permis de construire du bâtiment de la Samaritaine qui doit s'élever sur la rue de Rivoli à la place des immeubles déjà détruits. Le propriétaire LVMH et la ville de Paris ont désormais deux mois pour faire appel de ce jugement, un éventuel appel n'étant toutefois pas suspensif. Explications.

C'est une décision de justice "inattendue" qui relance le feuilleton de la rénovation de la Samaritaine, le plus grand magasin de Paris fermé depuis 2005. En effet, mardi 13 mai, le tribunal administratif de Paris a annulé le permis de construire des immeubles de la Samaritaine datant de 1852 situés rue de Rivoli, suite aux recours déposés par deux associations, la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France et SOS Paris. Elles y dénoncent un projet "dénaturant le centre de Paris", en espérant sauver l'immeuble du côté de la rue de Rivoli, les trois autres bâtiments anciens situés côté Seine ayant été déjà démolis.

 

La façade ondulante contestée
Dans ce jugement, le tribunal administratif a estimé que la juxtaposition du nouveau bâtiment prévu par LVMH, plus particulièrement sa façade ondulante exclusivement réalisée en verre, et d'immeubles parisiens en pierre, "variés, mais traditionnels", apparaissait "dissonante".

 

"Il ne ressort pas (...) des pièces du dossier que les ondulations de la façade reproduisent le rythme des bâtiments de la rue de Rivoli comme le soutiennent les auteurs du projet", ont considéré les juges administratifs. "Eu égard notamment à la nature et à la destination de cet immeuble, et en dépit de ses qualités architecturales intrinsèques, les requérants sont fondés à soutenir que le projet, sur l'artère où il est implanté indique également le jugement du tribunal", nous rapporte une source proche du dossier.

 

Pour rappel, en juillet dernier, le tribunal administratif de Paris, saisi en référé, avait rejeté le recours de l'association, qui s'était ensuite pourvue devant le Conseil d'État.

 

 

Un appel non suspensif
Désormais, LVMH propriétaire du magasin et la ville de Paris ont deux mois pour faire appel de ce jugement, un éventuel appel n'étant toutefois pas suspensif. "Par conséquent, le chantier de rénovation (Ndlr : dont le coût est évalué à 450 millions d'euros) va donc être stoppé ces jours-ci", nous confirme la mairie de Paris. Nous allons donc faire appel au jugement et demander un sursis d'exécution des travaux."

 

La mairie de Paris tient à réaffirmer aussi dans un communiqué son "appréciation de l'insertion harmonieuse de ce projet dans cette séquence de la rue de Rivoli, appréciation partagée par l'Architecte des Bâtiments de France qui avait donné un avis favorable. L'agence d'architectes SANAA, y avait veillé tout particulièrement, avec un projet qui s'inscrit dans le gabarit global des constructions de la rue de Rivoli." Avant d'ajouter : "A l'heure où les capitales européennes s'engagent dans une modernité urbaine respectueuse de leur patrimoine, cette décision est susceptible de priver Paris de la place qu'elle doit défendre sur la scène architecturale internationale. C'est la raison pour laquelle la Ville fait appel de ce jugement."

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