Au troisième trimestre, le repli de l'activité des matériaux de construction se chiffre désormais à près de - 11 % par rapport à l'an dernier et à - 3,3 % en regard du deuxième trimestre, signale l'Unicem dans sa dernière note de conjoncture mensuelle. Précisions.

En l'espace de six mois, "notre indicateur matériaux (…) a perdu 15 points, passant d'une progression annuelle de +7,1 % au premier trimestre à -9,8 % au troisième trimestre", a alerté l'Unicem dans sa dernière note conjoncturelle. En données provisoires, il affiche une baisse de l'ordre de -3 % sur un an pour les neuf premiers mois de 2014.

 

En détails, la production de granulats, totalisée sur douze mois tutoie désormais ses plus bas niveaux des quinze dernières année. Au mois de septembre dernier, les livraisons accusent un repli de 7 % par rapport au mois d'août et de 12,6 % par rapport à l'année dernière. Et en cumul sur les neufs premiers mois de l'année 2014, l'activité chute ainsi de 2,9 %, ajoute l'étude.

 

Même constat du côté du béton prêt à l'emploi (BPE) : les livraisons accusent un repli de -10,2 % par rapport à septembre 2013 et de -3,2 % par rapport au mois d'août dernier. Autre chiffre à retenir : sur les neuf premiers mois de 2014, les livraisons de BPE s'inscrivent en recul de - 3,1 % sur un an.

Logement et TP de mal en pis ?

Cette tendance dégradée de l'activité des matériaux de construction s'explique en regard de l'activité également mal en point du secteur de la construction et des travaux publics, analyse l'Unicem. Et d'ajouter : "L'enquête de l'Insee du mois de septembre indiquait que les professionnels avaient par ailleurs peu d'espoir d'éclaircie pour les mois à venir, que ce soit dans le segment du gros oeuvre, du second oeuvre ou de la construction du résidentiel."

 

D'ailleurs, les mises en chantier ont affiché un repli de -11,3 % sur les trois mois juin-juillet-août par rapport à 2013, tandis que les surfaces de locaux ont reculé de -5 %, complète l'Unicem. Malgré les signaux positifs des demandes de permis de construire, le nombre d'autorisations à fin août, en cumul, sur douze mois, restent très inférieur à la moyenne de longue période, avec 394.154 unités contre 500.000 en moyenne par an (entre 2003 et 2013).

 

Du côté des mises en chantier, seulement 303.218 logements sont sortis de terre sur les douze derniers mois ce qui, là aussi, demeure très en-deçà de la moyenne annuelle de long terme (396.000), estime l'Unicem. "Alors que, sur les quarante dernières années, on construisait en moyenne 6,5 logements pour 1.000 habitants en France métropolitaine, ce ratio tomberait à moins de 5 en 2014 (4,8 selon nos estimations)", indique l'Unicem.

 

S'agissant de l'activité des travaux publics, rien de nouveau. L'activité continue de se dégrader au mois d'août et la fin de l'année s'annonce difficile, prévient l'Unicem, au regard des prises de commande. Les travaux réalisés ont reculé de 4,6 % entre juillet et août 2014.

 

La tendance est aussi à la baisse du côté des marchés conclus, "dans un contexte difficile de baisse des dotations budgétaires de l'État (- 3,7 milliards d'euros par an de 2015 à 2017), de frilosité des acteurs locaux à investir et d'incertitudes sur le financement des projets d'infrastructure."

Vers une relance par l'investissement public ?

Si la profession des TP s'est mobilisée la semaine dernière pour alerter les pouvoirs publics des dangers de cette dérive conjoncturelle pour 2015, elle n'est pas la seule à tirer la sonnette d'alarme, indique la note de conjoncture. En effet, dans son dernier rapport sur l'économie mondiale, le FMI a consacré un chapitre entier aux enjeux d'une relance de l'investissement public. L'étude montre en effet que les répercussions macroéconomiques d'une telle relance, financée par la dette seraient très sensibles sur l'activité et peu impactantes sur le niveau de la dette à long terme.

 

 

"Ainsi, une hausse d'un point de PIB de dépenses publiques d'investissements en infrastructures augmenterait de + 0,4 % le niveau de la production la même année et de 1,5 % quatre ans plus tard, sans pour autant alourdir le ratio dette/PIB", conclut l'Unicem.

 

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