La filière française de la biomasse a tenu son 3e colloque annuel à La Défense, l'occasion pour les acteurs du secteur de faire le point sur la situation. S'ils se félicitent de nombreuses réussites et d'un large potentiel de ressources encore inexploitées, les professionnels demandent également des mesures de simplification et de soutien, notamment en ce qui concerne le Fonds chaleur.

Le 3e colloque annuel de la biomasse s'est tenu les 24 et 25 juin à Paris-La Défense, s'inscrivant cette année dans le cadre du grand débat national de transition énergétique. "La biomasse, au sens large c'est-à-dire en intégrant le biogaz et les biocarburants, permettra d'orienter la France dans le sens d'une lutte contre le réchauffement climatique. (…) Car la biomasse est une énergie consensuelle dans le débat. Tout le monde pense que la filière bois doit être revalorisée", déclare Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des Energies Renouvelables (SER), en préambule des échanges. Il estime que, comme les autres énergies renouvelables, la biomasse doit bénéficier d'une politique de soutien, pérenne, claire et lisible. "Nous déplorons par exemple la décision du Conseil constitutionnel de revenir sur la quantité de bois incorporé dans les constructions". Car cette mesure, pénaliserait la filière bois énergie de façon indirecte : "Oui, il y a des incertitudes liées à la construction qui fait sortir le bois des forêts pour le bois d'œuvre", explique Cyril Le Picard, président de France Biomasse Energie, qui poursuit : "L'arrêté qui élimine le bois dans les constructions est un massacre ! Pourtant bois énergie, méthanisation et biocarburants s'inscrivent parfaitement dans le concept d'économie circulaire et de développement durable".

 

Le choc de simplification toujours attendu
"Le biogaz a un potentiel important, via la méthanisation qui fournirait des revenus supplémentaires à nos agriculteurs", expose Jean-Louis Bal. Mais, là encore, la situation n'est pas encore idéale : "La filière est dans une situation compliquée : il y a beaucoup de projets, beaucoup de textes, beaucoup d'annonces mais peu de réalisations au final : il faut transformer l'essai ! Une structuration de la filière et un choc de simplification sont nécessaires, notamment au point de vue administratif", lance Sébastien Couzy, fondateur de Methaneo. Le dirigeant estime que les tarifs d'achat de gaz sont encore trop faibles pour le montage de projets rentables. Le choc de simplification demandé reposerait notamment sur une rationalisation du droit de l'Environnement. Bruno de Monclin, président du Comité Interprofessionnel du Bois Energie déclare également : "Un des freins au développement de la biomasse est la réglementation".

 

Quant à la cogénération, elle souffre des mêmes problèmes : "Il faut développer la cogénération biomasse en revenant à un tarif suffisant", déclare le président du SER. Un avis partagé par Messaoud Benfaid et Pierre de Montlivault, de Dalkia : "On ne pourra pas se passer de la biomasse, une énergie considérable, pour tenir tous les objectifs (en termes d'énergies renouvelables, NdlR). Mais pour la cogénération, l'objectif des 2.400 MW est trop ambitieux. Il faudrait le diviser par deux et privilégier les projets de taille 'humaine', c'est-à-dire dont la puissance est comprise en 3 et 12 MW. Pour cela il faut revaloriser le tarif d'obligation d'achat de 10 % afin de les rendre compétitives".

 

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