S'appuyant sur le rapport d'un institut de recherche, la Banque mondiale a appelé les villes à s'étaler, afin de pallier une densité des villes toujours en hausse. Mais cette logique, si elle est surtout dirigée aux pays en voie de développement, est en décalage avec les efforts des pays occidentaux envers le développement durable.

A l'heure où les urbanistes tentent d'apporter des réponses au réchauffement climatique et à l'augmentation du prix des carburants, l'appel de la Banque mondiale à étaler les villes dans l'espace est pour le moins détonnant. Se basant sur le rapport d'un institut américain de recherche, le Lincoln Institute of Land Policy, dont elle dit partager les conclusions, la Banque mondiale a appelé jeudi les villes à ne pas se limiter dans l'espace. «Le modèle urbanistique dominant qui guide aujourd'hui l'expansion des villes et des aires métropolitaines est basé sur l'endiguement de l'étalement, mais cet endiguement n'est pas adapté pour les pays en voie d'urbanisation rapide où se situe l'essentiel de la croissance démographique», explique le rapport.

 

Une «planète de villes»
Faut-il pour autant prescrire l'étalement à tous les pays, alors que la taille, la démographie et le niveau d'industrialisation ne sont pas comparables d'un pays à l'autre ? Selon Abha Joshi-Ghani, responsable de l'unité pour le développement urbain à la banque mondiale, «ce qui est nécessaire, c'est non pas une stratégie de confinement et de restriction, mais de limites généreuses aux métropoles, de protection sélective des espaces ouverts, et une bonne planification des transports et des routes». Le rapport critique notamment les «ceintures vertes» censées marquer la limite à l'urbanisation et qui finissent souvent par être piétinées, au risque d'engorger les villes en voie de développement. La Banque Mondiale souligne aussi que «les densités de population dans les pays en développement sont le double de celles de l'Europe et du Japon, elles-mêmes le double de celles des Etats-Unis, du Canada et de l'Australie», et que, les densités diminuant, il faut «faire de la place dans une planète de villes».

 

Mais la manière de créer de la place diffère selon les caractéristiques des pays, et l'étalement a forcément ses limites. En France, le Conseil national de l'Ordre des architectes (Cnoa) prône une meilleure maîtrise des métropoles. Patrick Genêt, président de la commission du Développement durable du Cnoa, expliquait il y a quelques mois qu'il était important, selon lui, de «limiter la consommation des terres et des territoires à l'infini et maîtriser la consommation d'espaces en se reconcentrant sur la ville elle-même. C'est pourquoi il est essentiel de penser au recyclage de la ville et du village. Et surtout ne pas céder aux effets de mode comme par exemple le développement des éco quartiers qui peuvent consommer des terrains et élargir les villes».

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