CHANTIERLe Premier ministre et la ministre de l'Ecologie ont inauguré avec Patrick Kron, pdg d'Alstom, la première usine française de production d'éoliennes offshore. Implantée à Saint-Nazaire, l'unité produira des nacelles et des turbines pour les machines qui seront ensuite installées dans trois grands parcs marins.

C'est en présence de Manuel Valls et de Ségolène Royal que Patrick Kron, le président-directeur général d'Alstom, a inauguré la première usine française de production d'éoliennes offshore, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), ce mardi 2 décembre 2014. Le Premier ministre, visitant les lieux, s'est dit "impressionné par le volume des installations" nécessaires à la production des nacelles et générateurs des Haliade 150-6MW, ces "véritables géants des mers, deux fois plus puissants que les éoliennes terrestres". L'unité nazairienne, d'une capacité d'assemblage de 100 machines par an, verra donc sortir une machine tous les deux jours et demi, à partir du mois de septembre 2015. Deux préséries seront assemblées, dont la seconde servira, en 2016, à alimenter le marché américain où Alstom a décroché le marché de Block Island (cinq éoliennes). En tout, 240 machines ont d'ores et déjà été commandées, assurant de l'activité pour plus de deux ans et demi au site.

 

"C'est un jalon important dans l'histoire d'Alstom et la première création d'usine depuis 30 ans, pour nous, en France", a déclaré Patrick Kron. D'autant qu'une autre unité double devra voir le jour à Cherbourg pour compléter le dispositif Haliade du groupe. Cette dernière sera chargée de produire les pales de 73,5 mètres de long et les mats d'une centaine de mètres de haut. En attendant, ce sont des pales LM Wind Power (Danemark) qui seront utilisées sur les premières éoliennes, à l'image du prototype installé au Carnet en 2010, ou de la machine déployée en mer du Nord pour expérimentation, dans le parc Belwind, depuis la fin de 2013.

 

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Hall d'assemblage

Usine Alstom
Usine Alstom © Grégoire Noble
En tout, grâce aux trois champs éoliens remportés par l'équipe EDF-Alstom (Fécamp, Courseulles et Saint-Nazaire), le groupe industriel entend créer 1.000 emplois directs et 4.000 indirects, chez les divers sous-traitants et fournisseurs de la filière. "Nous avons un rôle important auprès de ces entreprises. Nous disposons de multiples partenariats et d'un large réseau dans le domaine de l'électrotechnique, de la chaudronnerie, de la manutention de colis lourds", a précisé Patrick Kron. L'usine de Saint-Nazaire emploiera, à elle seule, 300 personnes pour produire les nacelles (200 employés) et les générateurs (100). Le schéma de production adoptera la forme d'un "U" avec l'arrivée par barge de différents éléments à assembler, avant stockage sur place des machines en bord de Loire, pour plus de facilité de transport. Car une nacelle d'Haliade pèse 400 tonnes, à elle seule, soit le poids de tout un TGV…

 

Usine HQE

Usine Alstom
Usine Alstom © Grégoire Noble
L'usine, construite par Quille Construction (groupe Bouygues), est également la première installation industrielle de France à être certifiées HQE, grâce à une consommation inférieure de 10 % à la réglementation. A noter que l'Ademe et CGI sont co-actionnaires des usines dédiées à l'éolien offshore d'Alstom, à hauteur de 33 %, au titre du programme Energies décarbonées des Investissements d'Avenir. Manuel Valls a d'ailleurs rappelé, lors de son discours d'inauguration, que l'Etat avait consenti un investissement global de 66 M€ pour le développement de l'éolien offshore, ajoutant, "même si je crois à l'investissement privé, la puissance publique doit continuer à jouer intelligemment son rôle".

 

Exporter des machines

Usine Alstom
Usine Alstom © Grégoire Noble
Alstom Renewable Energy, désormais propriété de General Electric qui prévoit d'installer son siège mondial des énergies marines renouvelables en Loire-Atlantique, explique viser plus loin que le seul marché français, encore limité. Les débouchés à l'export semblent être nécessaires pour justifier les investissements consentis dans le nouvel outil de production. Patrick Kron avance le chiffre global de 40 GW de puissance installée en mer, dans le monde, en 2020, dont les trois-quarts en Europe (mer du Nord, Atlantique/Manche et Baltique principalement). Si Alstom fourbit ses armes pour répondre à ces perspectives, l'autre grand acteur français du secteur, Areva, semble légèrement en retrait. Le rapprochement avec Gamesa et la mise au point d'une puissante machine de 8 MW aurait pris du retard.

 

L'usine Alstom de Saint-Nazaire en chiffres

Usine Alstom
Usine Alstom © Grégoire Noble
14 hectares pour le site
18.900 m² construits (dont 16.400 m² d'ateliers et 2.500 m² de bureaux)
100 turbines produites par an
300 employés sur site (dont 200 pour produire les nacelles et 100 pour les générateurs)
Septembre 2015 pour les premières livraisons

 

Stocks

Usine Alstom
Usine Alstom © Grégoire Noble
Les pièces détachées des futurs générateurs sont stockées afin de disposer d'un mois d'avance sur la production.

 

Chariot de manutention

Usine Alstom
Usine Alstom © Grégoire Noble
Un des châssis spécialement développés pour le déplacement et le montage des nacelles d'Haliade. Car la machinerie de l'éolienne offshore pèse 400 tonnes une fois assemblée (nacelle+tête de rotor+générateur).

 

 

Une machine complète, avec pales et mât - qui n'est assemblée qu'une fois en mer par un bateau "jack-up" spécialement conçu - pèse 1.500 tonnes !

Prototype à terre

Alstom Haliade
Alstom Haliade © C. Bucco-Lechat - Wikimedia CC
Le prototype de l'éolienne Haliade (du nom des nymphes grecques des mers) est installé au Carnet, en face de Saint-Nazaire, depuis 2010, afin d'y être testée.

 

Installée en mer

Alstom Haliade
Alstom Haliade © Alstom - Nicolas Jobs
Une seconde machine Haliade a été installée en mer du Nord, dans le parc Belwind, fin 2013, afin de la tester en conditions réelles.

 

Chantier de construction

Usine Alstom
Usine Alstom © Alstom
L'unité de Saint-Nazaire, ici en construction, n'est que la première du plan industriel déployé par Alstom. Une seconde usine double doit voir le jour à Cherbourg, afin de produire les pales et les mâts des éoliennes qui seront installées au large des côtes françaises à partir de 2017-2018 et jusqu'au delà de 2020.