Alors que l'Union européenne a demandé, mardi 12 février, au groupe sidérurgique ArcelorMittal de reporter sa restructuration en Europe jusqu'à l'adoption prévue en juin d'un plan européen destiné à relancer le secteur de l'acier, ce dernier a rejeté l'appel de Bruxelles. Par ailleurs, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, évoque la possibilité de droits de douanes européens sur l'acier importé. Explications.

Dorénavant, la commission européenne met la pression sur le groupe mondial de l'acier ArcelorMittal pour suspendre les fermetures de site en Europe. Mardi 12 février, Antonio Tajani, le vice-président de la Commission chargé de l'industrie, a annoncé lors d'une table ronde sur la sidérurgie, en présence de 13 ministres de l'Industrie dont Arnaud Montebourg, de syndicats et d'entreprises, avoir demandé au groupe sidérurgique de "suspendre" ses fermetures de site en Europe. Et d'attendre la présentation, d'ici au mois de juin, d'un plan de soutien européen au secteur de l'acier.

 

Pour rappel, ArcelorMittal a annoncé son intention de fermer les deux hauts-fourneaux de Florange, en France, ainsi qu'une cokerie et six lignes de production sur son site de Liège, en Belgique. Le groupe a également suspendu pour une période indéterminée les activités de son four à arc de Schifflange au Luxembourg.

 

"Ce n'est pas une demande exagérée, nous invitons simplement ArcelorMittal à patienter deux ou trois mois, le temps que la Commission finalise son plan, afin de voir si cela ne peut pas aider cet industriel à sauver des usines", a argumenté Antonio Tajani, qui a souligné que l'acier était "un secteur crucial pour la croissance de l'Europe".

 

ArcelorMittal refuse de modifier son calendrier
Le sidérurgiste a très vite rétorqué qu'il ne pouvait surseoir à son projet, au vu d'une demande fortement réduite en Europe. "Il est impossible pour ArcelorMittal de retarder le déroulement de la phase d'information-consultation relative aux plans de restructuration présentés, a-t-il réagi dans un communiqué publié mardi 12 février dans la soirée. Ne pas prendre de mesure pour répondre à cette situation ne ferait qu'affaiblir l'entreprise en Europe, menaçant ainsi la rentabilité d'autres sites."

 

Plusieurs pistes ont alors été évoquées lors de cette table ronde pour soutenir les sidérurgistes européens, qui emploient directement 360.000 personnes en Europe : relèvement des taxes douanières sur les importations d'acier extra-communautaire, plan de soutien à la recherche et développement, instauration d'une taxe carbone aux frontières de l'Europe...

 

Arnaud Montebourg propose une taxe carbone aux frontières
De quoi donner à Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, la légitimité pour continuer de faire pression sur le géant de l'acier. Il estime qu'il devrait "bien mesurer" l'impact de son refus de reporter les fermetures d'usines, comme les hauts-fourneaux de Florange, en Moselle, ou des outils de production à Liège. "L'imposition de droits de douane sur l'acier qui casse les prix est la riposte stratégique aux menées de groupes qui ne respectent pas le berceau de l'acier qu'est l'Union", affirme-t-il. A nouveau, le ministre a réclamé une taxe carbone aux frontières. Par contre, la Commission européenne a rappelé que pour le moment, les producteurs d'acier bénéficiaient d'un excès conséquent de quotas de CO2, qui a, par exemple, permis à ArcelorMittal de gagner 160 millions d'euros en 2012 avec la vente de ces permis.

 

La pression s'accroît donc sur le numéro un mondial de l'acier. Lors d'une rencontre organisée le même jour à l'Elysée, François Hollande et le premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, ont indiqué vouloir désormais agir "ensemble" sur le dossier ArcelorMittal. "Nous devons veiller à travailler ensemble, Belges, Luxembourgeois, Français, pour éviter que Mittal n'utilise les relations bilatérales pour dire à chacun ce qu'il veut entendre", a déclaré le chef de l'Etat.

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