L'intégration facilitée du solaire photovoltaïque à grande échelle dans le réseau électrique français a fait l'objet d'une conférence, organisée par Enerplan, dans le cadre du projet européen PV Grid, qui a rassemblé une centaine de participants. L'occasion de faire le point sur les difficultés rencontrées, d'ordre technique ou administratif, et d'avancer des propositions de solutions.

Moins de barrières et plus d'intégration, telle est la demande du secteur photovoltaïque français vis-à-vis du réseau de distribution de l'électricité. "Car ce réseau est un maillon majeur, même dans une optique d'autoconsommation", déclare Thierry Mueth, président du syndicat Enerplan. Dissertant sur les réseaux électriques intelligents, il poursuit : "L'intelligence, c'est résoudre les problèmes techniques. Mais il n'y aura pas de réussite tant qu'il y aura des perdants. Il faut cesser de considérer que le solaire est le passager clandestin du réseau. Tout comme pour les acteurs de cette énergie renouvelable, il faudra convenir que le raccordement est une contrainte supplémentaire à intégrer pour plus de progrès". Car le raccordement est une étape compliquée pour les porteurs de projets photovoltaïques. Dans le cadre d'un projet européen, nommé PV Grid (mai 2012-octobre 2014), qui prend la suite de PV Legal (juillet 2009-février 2012), une base de données détaillée sur les freins qui ralentissent le développement des installations solaires a été mise en place.

 

Identifier les barrières techniques et légales
"Le projet vise à identifier et résorber les barrières techniques et légales qui freinent les raccordements", explique Céline Najdawi, d'Eclareon (cabinet de conseil allemand dans le domaine des EnR). "La base de données détaille les procédures administratives nécessaires à l'installation de systèmes photovoltaïques dans les pays européens (exceptés le Danemark et l'Irlande, NdlR). Elle contient également des informations quantitatives basées sur l'expérience pratique des acteurs du secteur". Il ressort, pour le cas français, que les procédures sont trop longues (8 semaines pour obtenir un raccordement là où d'autres pays font deux fois plus vite) et entraînent un risque financier accru. "Pour les délais, la France se classe avant-dernière, entre la République tchèque et la Bulgarie", commente la consultante. Outre cet écueil, la France présente d'autres sources de ralentissement : "Les contraintes techniques liées à la capacité d'accueil du réseau, les coûts de raccordement trop élevés, la demande de certificat de non-opposition qui rallonge encore les procédures…", énumère Céline Najdawi.

 

L'exemple allemand
La France pourrait-elle alors s'inspirer des meilleures pratiques de ses voisins, et notamment de l'Allemagne, de l'Italie ou de l'Autriche ? "Outre-Rhin, il existe une priorité de connexion des EnR, et pas seulement une garantie de connexion", explique la consultante d'Eclareon. "De plus, le gestionnaire du réseau a obligation de le renforcer, si nécessaire, pour connecter des EnR. Et le producteur ne paiera que le coût du raccordement au point de connexion le plus proche ('shallow cost')". A noter qu'en cas de litige, le centre de médiation pour la loi sur les énergies renouvelables interviendra. En Italie également, les EnR bénéficient d'une priorité de connexion au réseau et de frais de raccordement préférentiels. "En Autriche enfin, la procédure est à la fois simple et efficace. La priorité est cédée aux renouvelables en cas de problème de capacité d'accueil du réseau. Et il existe une réglementation détaillée et transparente pour encadrer les procédures d'effacement", conclut Céline Najdawi. Autant de pistes de réflexion pour les autorités compétentes.

 

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