DIAPORAMA - Si l'on connaît Charlotte Perriand pour avoir collaboré avec Pierre Jeanneret et Le Corbusier, l'on sait en revanche moins qu'elle a vécu au Japon et qu'elle y a même été conseillère pour l'art industriel japonais. Une exposition lève aujourd'hui le voile sur cette partie méconnue - et pourtant si déterminante - de sa vie.

Charlotte Perriand et le Japon. L'histoire entre l'architecte française et le Pays du soleil levant est méconnue. Elle a pourtant été autant marquante pour elle - la philosophie japonaise a véritablement nourri son travail d'architecte et de designer - que pour lui. En 1940, le pays décide en effet de lui confier un poste de conseillère pour l'art industriel. Il s'appuiera ainsi pendant plusieurs années sur ses préconisations pour orienter sa production industrielle. Une étonnante relation de réciprocité qui se trouve aujourd'hui mise en lumière dans une exposition.

 

Organisée au Musée d'art moderne de Saint-Etienne sous l'égide de Pernette Perriand, fille de l'architecte, et de son mari, Jacques Barsac, elle revient dans le détail sur l'aventure japonaise de la designer et tâche d'en montrer les impacts, d'une part, sur son œuvre et, d'autre part, sur le design japonais. L'on apprend ainsi que l'architecte française a vécu au Japon pendant plus de six ans, qu'elle y a rencontré des artisans, visité des ateliers et des usines, observé les modes de vie. Elle va même y travailler en réalisant des bâtiments et en y organisant des expositions, notamment "Sélection-Tradition-Création" qui se tient en 1941 d'abord à Tokyo puis à Osaka et "Pour une synthèse des arts" à Tokyo en 1955.

 

Coup de foudre pour le pays, ses habitants et leur mode de vie
Au final, il semble que l'architecte soit très vite tombée sous le charme du pays, de ses habitants, de leur mode de vie, de leur philosophie et du travail de ses artisans. Elle oublie ses a priori pour se laisser aller à la découverte et finit par littéralement s'imprégner de la culture japonaise.

 

De retour en France, elle s'en inspire pour concevoir des objets, du mobilier et également des bâtiments. On la verra ainsi réutiliser certaines techniques ou matériaux découverts là-bas comme, par exemple, le bambou, les tissages et la laque. De même, elle se réapproprie le traitement de l'espace, les jeux d'ombre et de lumière qu'elle a pu observer dans les maisons traditionnelles japonaises.

 

En observant les réalisations de l'architecte après son voyage au Japon, l'on perçoit toute l'importance de ces diverses influences et il est intéressant de relire son travail à la lumière de ce nouvel éclairage.

 

Dimension intime
Charlotte Perriand
Charlotte Perriand © Succession Charlotte Perriand - ADAGP, Paris, 2013
Afin de bien faire comprendre l'intensité de la relation entre l'architecte et le pays, les instigateurs de l'exposition ont décidé de laisser parler les meubles qui en sont justement issus. De nombreuses pièces, récoltées aux quatre coins du monde auprès de particuliers ou d'institutions, ont ainsi été rassemblées. Pour l'occasion, un travail important de réédition a également été effectué. A la demande de Pernette Perriand, l'éditeur Cassina est même allé jusqu'à recréer des pièces disparues.

 

Pour compléter le tableau, l'exposition "Proposition d'une synthèse des arts" a été intégralement reconstituée dans l'enceinte du musée de Saint-Etienne. Une prouesse qui mérite d'être soulignée. Les banquettes Tokyo, les étagères Nuage, une table au plateau tronc d'arbre, une bibliothèque à plots incorporés... Toutes ses pièces cultes sont là et bien qu'ils les connaissent déjà toutes, les visiteurs les redécouvrent sous un nouveau jour.

 

L'exposition foisonne également de documents d'archives : lettres, photographies, notes... L'on ne manquera pas d'être surpris devant la lettre de bienvenue de huit mètres de long, écrite à l'encre de Chine, que lui adresseront ses amis japonais pour la convaincre d'accepter sa mission dans leur pays. Des documents personnels rares et précieux qui donnent à l'exposition une dimension intime et impulsent, par leur diversité, une vraie dynamique.

 

Découvrez en pages suivantes quelques-unes des photographies d'époque et certains objets exposés.

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Exposition au Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne

Charlotte Perriand
Charlotte Perriand © Succession Charlotte Perriand - ADAGP, Paris, 2013
Charlotte Perriand et le Japon, une exposition à voir jusqu'au 26 mai au musée d'art moderne de Saint-Etienne.

 

Plus de renseignements sur le : www.mam-st-etienne.fr

1940 : le point de départ

Archives Perriand
Archives Perriand © Archives Perriand
Tout commence en 1940 lorsque Charlotte Perriand est nommée "conseillère pour l'art industriel japonais".

"Sélection-Tradition-Création"

Charlotte Perriand
Charlotte Perriand © Archives Perriand - ADAGP, Paris, 2013
Afin de mener à bien sa mission, Charlotte Perriand visite les ateliers des artisans, des usines, des centres de formations... Elle observe puis livre sa vision des choses à travers une exposition intitulée : "Sélection-Tradition-Création", organisée en 1941 d'abord à Tokyo puis à Osaka.

 

Ici, une photographie de la scénographie de cette exposition.

Chaise longue

Perriand
Perriand © Archives Perriand - ADAGP, Paris, 2013
Charlotte Perriand propose en 1941 une adaptation en bois et bambou de la fameuse chaise longue de Le Corbusier et P. Jeanneret.

Lits en bambou

Archives Perriand - ADAGP, Paris, 2013
Archives Perriand - ADAGP, Paris, 2013 © Archives Perriand - ADAGP, Paris, 2013
Autre objet conçu par l'architecte et dont l'influence est flagrante : les lits en bambou.

Chaise ombre

Perriand
Perriand © Archives Perriand - ADAGP, Paris, 2013
Pièce créée au Japon en 1954 dans la cadre de l'exposition "Synthèse des arts".

Synthèse des Arts

 Perriand
Perriand © Photo Archives Perriand - ADAGP, Paris, 2013
En 1955, Charlotte Perriand organise une deuxième exposition intitulée "Synthèse des Arts" et présentée à Tokyo. Elle a été intégralement reproduite au Musée de Saint-Etienne.

Synthèse des Arts

 Perriand
Perriand © Archives Perriand - ADAGP, Paris, 2013
Autre photographie de la scénographie de l'exposition "Synthèse des Arts", présentée à Tokyo en 1955.