Dans son rapport d'évaluation de la deuxième année de mise en œuvre du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté, remis au Premier ministre ce lundi, François Chérèque, inspecteur général des affaires sociales (IGAS) propose au Gouvernement d'accélérer la construction de logements sociaux et très sociaux et enfin de réduire le recours aux hôtels pour les hébergements d'urgence.

Dans un rapport de la lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale remis au Premier ministre, lundi 26 janvier 2015, les membres de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), François Chérèque, Christine Abrossimov et Mustapha Khennouf signalent que le Gouvernement doit davantage aider les familles pauvres, en particulier monoparentales.

 

Le constat est sans appel dans ce dernier rapport : "L'intensité de la pauvreté augmente : le niveau de vie médian des personnes les plus pauvres est de 672 euros, et s'éloigne du seuil de pauvreté*, soit 20,5 % entre 2012 contre 19,1% en 2011."

 

"En somme, les pauvres sont relativement un peu moins nombreux, mais plus pauvres", et la persistance de la crise économique "ne permet pas d'entrevoir une réelle amélioration" dans les prochaines années, indique François Chérèque, l'ancien secrétaire général de la CFDT, et désormais chargé du suivi du plan quinquennal de lutte contre la pauvreté lancé il y a deux ans.

Poursuivre l'effort de construction en faveur des PLAI

Par ailleurs, les membres de l'IGAS n'épargnent pas le secteur du logement social : ils déplorent notamment que "la construction de logements sociaux et très sociaux n'atteint pas ses objectifs", et l'ouverture de places d'hébergement d'urgence "ne suffit pas pour mettre un terme à la gestion au thermomètre de ce problème". Le rapport recommande donc au Premier ministre de "poursuivre l'effort de construction en faveur des prêts locatifs aidés d'intégration (PLAI), en maintenant la part des subventions, en réduisant les facteurs de surcoûts et en développant des appels à projets et en explorant les voies et moyens de rédaction des délais."

Près de 120.000 logements sociaux financés en 2014, d'après le ministère

Pour rappel, depuis 2013, l'objectif de production gouvernement est de 150.000 logements sociaux financés par an indique le document. Et cette année, l'objectif est de 135.000 logements sociaux en métropole. Près de 120.000 logements sociaux ont été financés en 2014, dont 106.414 en métropole hors ANRU (51.490 prêts locatifs à usage social (PLUS), 28.449 prêts locatifs aidés d'intégration et 26. 475 prêts locatifs sociaux (PLS); 6.300 dans les départements d'Outre-mer et 6.661 dans les quartiers ANRU, précise le ministère du Logement ce mardi 27 janvier, après avoir annoncé lors du dernier congrès HLM à Lyon, la création de 15.000 logements sociaux sur trois ans.

 

Et d'ajouter : "Cela représente ainsi une baisse de 12 % par rapport à 2013. Cette baisse, prévisible du fait de l'attentisme générée par toute élection municipale, a été renforcée par la remise en cause de nombreux projets bloqués par des nouveaux maires."

 

Dans ce contexte où 1,7 million de demandes de logements sociaux sont en attentes, Sylvia Pinel, ministre du Logement, appelle ainsi "chaque maire à contribuer à l'effort de production de logement social et à respecter les obligations de la loi SRU", signale-t-elle dans un même communiqué.

 

A son tour, le Gouvernement prend, quant à lui, toute sa part pour financer les projets de logements sociaux, notamment avec : l'aide aux maires bâtisseurs ; le taux de TVA réduit à 5,5 % depuis le 1er janvier 2014; l'exonération de la taxe foncière sur les propriétés bâties; l'aide à la pierre; la mobilisation de plus d'1 milliard d'euros avec Action Logement; le maintien du taux du Livret A à 1 %.

 

Un plan d'urgence recommandé

Enfin François Chérèque, a insisté sur la nécessité d'un plan sur l'hébergement d'urgence afin de "réduire au maximum les nuitées d'hôtel, qui coûtent cher et ne sont pas du tout satisfaisantes pour les familles, en particulier pour les déboutés du droit d'asile".
Le Gouvernement s'appuiera alors sur ce rapport pour élaborer et présenter au début du mois de mars, une "feuille de route actualisée" de mise en oeuvre du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale", a précisé le cabinet de Manuel Valls dans un communiqué.

 

*Pour rappel : le seuil de pauvreté monétaire s'établit à 978 euros mensuels. Sous ce seuil, la pauvreté diminue : elle concerne 8,5 millions de personnes, soit 13,9 % de la population, contre 8,7 millions en 2011. Source IGAS.

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