Une année moins morose que prévu. C'est le bilan que tire la Fédération française du bâtiment, qui annonce une révision à la baisse de son activité en 2013, à -2.6%. Si l'euphorie n'est pas encore de mise, le secteur se dit toujours "anémié" du fait de trésoreries en baisse, d'une perte effective de 40.000 emplois cette année ou encore par la primo-accession à la propriété plus que jamais "malade". Détails.

Annoncée à -3.5%, la production en volume de l'activité du bâtiment est désormais revue à la baisse. Ainsi, la Fédération française du bâtiment (FFB) table sur un chiffre de -2.5% pour l'année 2013, au vu des résultats des mises en chantier qui devraient se situer dans une fourchette allant de 330.000 à 340.000 unités (-5% par rapport à 2012, qui s'est achevée à 346.463 unités).

 

Loin de parler de "reprise" ou de "sortie de récession", la FFB entend jouer la prudence plus que jamais. Car le secteur souffre, et restera à la peine encore de longs mois. En cause, les sempiternels problèmes de trésorerie dus aux prix en baisse, au rallongement des délais de règlement clients, à la réduction des délais de paiement fournisseurs, mais aussi à la concurrence déloyale de la main-d'œuvre étrangère. Des facteurs qui induisent une perte nette de 40.000 emplois (y compris l'intérim), selon les prévisions de la FFB. "Certes, il y a beaucoup de non-remplacement de postes, mais aussi un large ajustement de l'appareil de production", souligne le président Didier Ridoret.

 

Inquiétude dans le logement neuf
Par secteur d'activité, le logement neuf souffre toujours, l'activité devrait atteindre son point bas fin 2013, à -6.8%. Du côté du non-résidentiel, la surprise est de taille, notamment dans les mises en chantier qui résistent bien à la conjoncture (+4.7%). La FFB émet, en revanche, plus d'inquiétude pour les autorisations de permis de construire. Enfin, concernant l'entretien-amélioration, un recul de 1% est annoncé pour la fin de l'année, le marché restant orienté à la baisse depuis plusieurs mois.

 

Si la FFB salue plusieurs mesures gouvernementales telles que l'effort en faveur du secteur HLM, la réforme des plus-values immobilières ou encore certaines dispositions de la loi Alur comme le retour à la contractualisation pour Action Logement ou l'instauration du PLUI, elle dénonce toutefois les décisions sur l'encadrement et la garantie des loyers, "qui risquent d'impacter tout le secteur locatif privé". Mais surtout, elle réclame une refonte "dans les meilleurs délais" du dispositif du PTZ+, qui, selon elle, est passé de 95.400 en 2011 à 11.700 en rythme annuel sur la base du 1er trimestre 2013 !

 

Quant à 2014, Didier Ridoret souhaite, là encore, rester réservé. "On attend un deuxième semestre qui montre, au pire, un palier, au mieux une reprise", a-t-il indiqué ce mardi, lors d'un point presse.

 


La pénibilité, un sujet qui fâche
Parmi les sujets forts du moment, la FFB a bien entendu évoquer l'instauration du compte de prévention de la pénibilité, qui s'inscrit dans la réforme des retraites. Et a redit son "incompréhension" face à ce dispositif, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2015. "Pour nous, il s'agit d'un grand ras-le-bol et d'une forte exaspération. Quid de l'accord de 2011 sur la prévention et les améliorations des conditions de travail ? Plutôt que de stigmatiser une profession, occupons-nous du problème du chômage ! C'est un vrai sujet qui fâche, je vous assure, mais nous resterons vigilants", a tonné Didier Ridoret. Pour rappel, la FFB réclame le filtre médical pour déterminer les critères de pénibilité au cas par cas, et s'oppose à une règle générale difficile à appliquer.

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