Akuo Energy et DCNS ont obtenu un financement européen pour développer une centrale flottante exploitant l'énergie thermique des mers. Le projet "NEMO" devrait être opérationnel dans les 4 ans et alimenter 35.000 foyers martiniquais.

Le secteur des énergies marines renouvelables français se distingue : DCNS et Akuo Energy viennent d'être désignés lauréats du programme NER 300 par la Commission européenne. Ensemble, ils vont développer "NEMO" ("New Energy for Martinique & Overseas"), une centrale pilote énergie thermique des mers, offshore, d'une puissance de 16 MW. La plateforme flottante, ancrée au large de l'île des Antilles, exploitera la différence de température entre l'eau de surface, chaude, et l'eau des profondeurs, froide, et créera un gradient capable de générer de l'électricité. Cette source d'énergie décarbonée présenterait divers avantages en termes de constance de la ressource, de facilité d'accès et de coût. La situation géographique de la Martinique, et, au-delà, de nombreux départements et communautés d'outre-mer (Guadeloupe, Réunion, Tahiti), est prometteuse pour l'implantation de ce type de centrale.

 

Rendre l'autonomie énergétique aux îles de la zone intertropicale

Le financement de 72 M€ couvrira les cinq premières années d'exploitation de l'installation pilote, qui serait la première au monde à cette échelle. Elle pourrait alimenter près de 9 % des foyers insulaires, de jour ou de nuit, sans souci d'intermittence, contrairement à du solaire photovoltaïque ou de l'éolien. Les travaux menés par DCNS sur la technologie ont démarré en 2008 et un premier prototype a été mis en œuvre, à terre (sur l'île de la Réunion), en 2011. Le système a été conjointement développé avec la région Réunion et l'université locale et a permis de valider le concept des échangeurs thermiques.

 

"Aujourd'hui, grâce au financement NER 300, DCNS et Akuo Energy vont pouvoir qualifier la technologie de centrale ETM offshore, participer à la consolidation d'une nouvelle filière industrielle française très créatrice d'emplois au plan local et contribuer à répondre aux besoins énergétiques croissants de la Martinique", détaille un communiqué conjoint des deux partenaires. Industriellement, les composants principaux seront produits en métropole. Il est attendu que la construction de la plateforme dans un chantier naval entraîne la création de près de 1.300 emplois. La sélection par l'Europe du projet français préfigurerait donc le lancement de la filière d'excellence, voulue par les ministres de l'Environnement successifs. La France, deuxième puissance maritime mondiale avec une zone économique exclusive de plus de 11 millions de km² d'océan, dispose des savoir-faire et des débouchés pour les énergies marines (éolien offshore, hydrolien, marémoteur, houlomoteur, thermique des mers ou potentiel osmotique). De telles technologies pourraient avantageusement alimenter les îles tropicales, non reliées aux réseaux continentaux, et réduire le coût des approvisionnements énergétiques en leur rendant cette autonomie.

 

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