Quitte à créer des îles artificielles pour y vivre, autant choisir un environnement paradisiaque. Le Seasteading Institute, qui promeut la colonisation des océans, s'est rapproché d'un archipel francophone, célèbre dans le monde entier pour la beauté de ses lagons. Mais en quoi consiste exactement ce projet ? Eléments de réponse.

Alors que le Seasteading Institute semblait intéressé par les eaux situées au large de la Californie ou de l'Australie pour implanter ses utopiques villes flottantes, c'est finalement en Polynésie française que le projet libertarien pourrait finalement voir le jour. Les autorités locales, qui jouissent d'une grande autonomie, ont en effet signé un protocole d'accord avec l'institut qui promeut "le développement de l'humanité sur les océans". Ce dernier a été fondé en 2008 dans la Silicon Valley et porte l'ambition de mettre au point des technologies permettant à des communautés de s'établir sur des îles artificielles pour y vivre, y travailler et y mener des travaux scientifiques.

 

 

Mais que contient vraiment le projet polynésien ? Selon un document du Seasteading Institute, il s'agira de "construire des plateformes flottantes écologiques dans un lagon (…) qui pourraient offrir une réponse aux défis liés à la montée des eaux et au développement durable". Ces îles artificielles constitueraient des bases rassemblant habitations, bureaux et infrastructures, où seraient explorées "de nouvelles manières de vivre ensemble" et des innovations dans les technologies digitales ou marines "en créant un pôle d'attractivité bénéficiant d'un cadre unique". Car l'archipel du Pacifique sud rassemble en effet toutes les conditions requises : climat idéal, eaux protégées et peu profondes dans certains lagons, activité cyclonique et de tsunamis limitée, infrastructures locales de qualité avec liaisons aérienne et maritime fréquentes et directes… Autre avantage pointé par l'institut californien : une "grande stabilité institutionnelle et un état de droit moderne". Des remarques cocasses lorsque l'on sait que l'idéal libertarien consiste justement à se libérer des institutions classiques en s'établissant loin des côtes, dans les eaux internationales !


Beaucoup de promesses mais pour quel impact réel ?

 

Autre question : le coût. Les porteurs du projet l'assurent, le gouvernement polynésien ne financera ni les études, ni la réalisation, et les contribuables ne verseront rien. "Il n'y aura pas non plus de défiscalisation locale", malgré un investissement de 30 à 50 M€ pour la seule phase pilote. Mais un peu plus loin, les promoteurs déclarent : "Le projet d'île flottante va améliorer le cadre traditionnel des zones économiques spéciales avec des dispositions spécifiquement conçues pour attirer les investisseurs en Polynésie française. Les zones franches existent déjà un peu partout ailleurs et, pour attirer des investissements significatifs et des partenaires innovants dans un marché francophone assez restreint et éloigné, il nous faut innover, y compris sur le cadre législatif et les procédures administratives". L'institut semble donc réclamer quelques arrangements avec les autorités.

 

 

Sur l'aspect et le contenu final des constructions, il se montre plus évasif : "Les spécifications exactes de chaque plateforme dépendront des études environnementales et du site choisi. Nos architectes ont pour tâche de concevoir des îles adaptées qui puissent répondre aux conditions climatiques locales, à nos exigences écologiques, aux besoins de leurs occupants, et se fondre dans le paysage polynésien". L'impact sera négligeable, assurent les promoteurs, qui s'engagent à utiliser des énergies renouvelables. Mieux, ils espèrent que l'implantation des îles pourrait même "selon certaines études préliminaires, conduire à une amélioration de l'écosystème", mais "sous certaines conditions". Miracle écologique et économique, on se demande encore pourquoi ces îles ne sont pas encore bâties !...

 

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