DIAPORAMA. Le nouveau venu dans le (petit) monde français des cimentiers a démarré sa production dans une unité ultra-moderne en avril 2013. Entre temps, l'entreprise a obtenu le marquage CE et la double certification ISO 9001 et 14001, tout en cherchant à décrocher rapidement la précieuse marque NF. Et elle tente de conquérir des parts de marché en mettant en avant les spécificités de son modèle économique innovant. Reportage.

"Nous sommes de nouveaux entrants et nous prenons des parts de marché grâce à l'innovation", déclare Vincent Lefebvre, le président de Ciments Kercim. Le nouveau venu dans le petit monde des grands cimentiers (Calcia/Italcementi, Holcim, Lafarge, Vicat) mise sur la technicité de ses installations et le contrôle qualité de ses produits. Pour preuve, l'obtention en quelques mois de plusieurs certifications : "La double certification ISO 9001 et 14001, délivrée par l'Afnor, vient compléter le marquage CE, obtenu en début d'année et celui NF, qui sera - sans doute - obtenu en février 2014, soit un an pile après le début de nos opérations", explique le président. Six mois d'efforts pour les équipes de Kercim, afin de répondre aux normes de qualité et de gestion de l'environnement.

 

Le contraire d'un ciment low cost ?
La nouvelle usine, installée à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), a proximité du grand port maritime de Saint-Nazaire, présente tout un ensemble d'innovations permettant de limiter au maximum les nuisances et l'impact de la production de ciment à partir de clinker provenant de Turquie et livré mensuellement par bateau. "Nous ne produisons par un ciment low cost. Bien au contraire, nous ajoutons une haute technicité à ce produit semi-fini pour offrir un ciment haut de gamme destiné à un marché de plus en plus sophistiqué", poursuit Vincent Lefebvre. L'entreprise affirme que son choix d'importer la matière première est un avantage : "Nous ne subissons pas une production locale, mais au contraire nous sélectionnons notre approvisionnement pour ses caractéristiques", nous confie Stéphane De l'Hommeau, directeur commercial de Kercim. En plus de la Turquie, l'entreprise est en recherche active d'un deuxième fournisseur afin de renforcer et compléter ses sources.

 

Outre le clinker turc, les ciments produits à Montoir-de-Bretagne incorporent du gypse d'Espagne, également livré par bateau, et du calcaire d'Ancenis, beaucoup plus local. "Les deux matériaux possèdent des degrés de pureté élevés, 96 % ou plus, ce que nous recherchons", explique Stéphane De l'Hommeau. Quant aux procédés utilisés dans l'usine de Saint-Nazaire, ils bénéficient de technologies dernier-cri. Les 735 mètres de tapis roulants transporteurs par exemple, sont confiné dans des tubes à structure portante permettant d'éviter la fuite de poussières vers l'extérieur. Une installation qui, à elle seule, a couté 3 M€. De même, pour les opérations de déchargement d'un vraquier, une trémie de quai et huit remorques à roues, d'une capacité unitaire de 30 tonnes, ont été spécialement conçues. Le broyeur à boulets, de plus de 14 mètres de long, est installé sur un socle amortissant ses vibrations, le tout dans un bâtiment insonorisé et donc le filtrage d'air est assuré par des ventilateurs de très grandes dimensions.

 

Viser le marché du Grand Ouest
Kercim, qui est en phase de montée de charge progressive (5.000 tonnes/mois pour l'heure), espère atteindre la capacité nominale de l'installation (voir page 2) dans les quatre ans. Le marché visé ? Le "Grand Ouest", dans un rayon de 300 km pour le ciment en vrac - qui représentera les deux tiers des ventes - et un peu plus loin pour le ciment en sacs. Car la région, notamment la Bretagne, ne dispose pas de cimenteries locales, à cause d'une géologie non favorable. L'unité de Saint-Nazaire est donc désormais la plus proche. Forte de ce démarrage réussi, la holding Cem21 n'entend pas en rester là : une seconde unité jumelle, qui ne portera cependant pas le badge Kercim mais celui de "Vracs de l'Estuaire", devrait prochainement jaillir de terre au Havre, autre grand port. Le seul regret des équipes de Kercim est que le fondateur, Jean-Marc Domange, récemment disparu, n'assiste pas à l'essor de l'entreprise.

 

Une concurrence jugée déloyale par les autres cimentiers :
Le Syndicat Français de l'Industrie Cimentière estimait, en début d'année, que cette matière première étrangère pouvait soulever des problèmes de concurrence, avec des coûts inférieurs de 10 à 20 % tout en remettant en cause le respect des normes européennes.
Kercim assure de son côté que l'usine de production de clinker turque a, elle-aussi, été auditée dans le cadre de l'obtention du marquage NF, afin que tout le procédé soit conforme, y compris en amont.

 

Découvrez l'usine en images dans les pages suivantes.

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Hangar

Kercim
Kercim © Grégoire Noble
L'immense hangar de plus de 200 mètres de long où sont stockées les matières premières (clinker, calcaire, gypse).

 

L'usine Kercim en chiffres :
Entrée en service : avril 2013
Production prévue : 50.000 tonnes/mois
Equipements : broyeur à boulets de 4,40 m de diamètre et 14,40 m de long ; 750 m de tapis roulants ; 26 filtres de dépoussiérage (capacités de 5.000 à 15.000 Nm3/h)
Livraisons par bateau : environ 1 par mois (soit 25.000 tonnes de clinker en provenance de Turquie)
Investissement : 45 M€

Remorques

Kercim
Kercim © Grégoire Noble
Les remorques spécialement conçues pour assurer la navette entre la trémie de quai du port de Saint-Nazaire et l'usine Kercim, distante de quelques hectomètres. Chacune emporte 30 tonnes de clinker. Les opérations de chargement et de déchargement ne prennent que quelques secondes.

Clinker

Kercim
Kercim © Grégoire Noble
Le clinker arrive par un réseau de tapis roulants confinés dans l'unité de broyage.

Broyeur

Kercim
Kercim © Grégoire Noble
Le broyeur mesure 14,4 mètres de long sur 4,40 mètres de diamètre. Il tourne à grande vitesse, pour concasser et mélanger les différentes matières premières du ciment. Afin d'atténuer les vibrations, il a été placé sur un socle séparé du reste de l'usine.

Vrac

Kercim
Kercim © Grégoire Noble
Les camions viennent prendre livraison du ciment en vrac.

Sacs

Kercim
Kercim © Grégoire Noble
Kercim propose aussi, sous les marques "Mon ciment facile" et "Ciment gris" du ciment en sacs de 20 et 25 kg. Là encore, l'emballage a fait l'objet d'un soin particulier.

Certification

Kercim
Kercim © Grégoire Noble
Vincent Lefebvre (gauche) et Daniel Gorguès (droite), le président et le directeur général de Kercim, reçoivent la double certification ISO 9001 et 14001.