EXCLUSIF. Alors que l'annonce officielle de la ville organisatrice des Jeux olympiques en 2024 mais aussi en 2028 sera faite ce mercredi à 20 heures, Batiactu révèle dès lundi le contenu d'une étude sur l'impact de l'organisation des JO à Paris sur le secteur des travaux publics. Découvrez toute la semaine un sujet consacré à l'événement.

Mercredi 13 septembre 2017, à 20 h, heure française, à l'issue d'une ultime présentation de 25 minutes de chacune des deux villes, Paris et Los Angeles, les membres du CIO réunis en session devraient, à main levée, entériner l'accord tripartite qui ne fait plus aucun doute. En juillet, 2017, le Comité international olympique (CIO) avait validé cette double attribution, c'est-à-dire Paris pour 2024 et Los Angeles pour 2028. Désormais, une question se pose : quels seront les impacts pour les travaux publics et la construction ?

 

 

"Une nouvelle bienvenue pour le secteur des TP", Bruno Cavagné, président de la FNTP

 

"L'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) en 2024 serait une nouvelle bienvenue pour le secteur des travaux publics et notamment en Ile-de-France", réagissait, Bruno Cavagné, président de la FNTP, le 5 juillet 2017, au cours d'un point presse sur les perspectives à court terme pour les travaux publics et sa vision sur les futures politiques engagées par l'Etat. C'est effectivement une aubaine pour le secteur de la construction alors même que le Gouvernement Philippe a annoncé en juillet 2017 une "pause" dans les grands projets de transport.

 

"L'organisation des JO peut aussi s'avérer être un tremplin pour l'attribution de l'Exposition universelle de 2025, qui serait également une vitrine du savoir-faire français et valoriserait dans le monde entier les réalisations des entreprises de Travaux Publics", avait-t-il poursuivi.

 

Le président des TP déplorait de nouveau que "la dégradation de nos infrastructures avait été pointée du doigt en 2016 par le forum économique mondial qui a rétrogradé la France, de la quatrième place en 2008 à la dixième place en 2015 de son classement sur la qualité de ses infrastructures."

 

L'impact économique global des Jeux se situerait entre 5,3 et 10,7 milliards selon les scenarios

 

Dans un document interne de la FNTP transmis à Batiactu ce 6 septembre 2017 par la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), les opportunités sont passées en détail à partir d'une étude réalisée le 1er juin 2016 par le Comité de candidature de Paris 2024 et le Centre de Droit et d'Economie du Sport.

 

Le rapport détaille que l'impact économique global des Jeux se situerait entre 5,3 et 10,7 milliards selon les scenarios. Un scenario médian estimant à 8,1 milliards d'euros, les retombées économiques nationales et 189.000 créations d'emplois sur l'ensemble de la période. Toutefois, "Paris dispose déjà de 95 % des infrastructures nécessaires à l'organisation des JOP 2024, l'impact sur le secteur de la construction représente donc une faible part de l'impact global", nous signale-t-on au Comité de candidature de Paris 2024.

 

Si à l'heure actuelle, l'impact revenant au secteur des Travaux Publics est loin d'être chiffré, le document de la FNTP signale qu'il pourrait être estimé à 858 millions d'euros. Ce qui représenterait un bénéfice pour les marchés des TP de 288 millions d'euros sur les sites à construire, de 319 millions d'euros de sites à rénover, 240 millions d'euros de travaux d'aménagement urbains et enfin 11 millions d'euros pour la construction et la rénovation de sites d'entraînements.

 

Le budget total des JOP 2024 qui s'élève à 6,6 milliards d'euros se divise en deux grands volets : un premier de 3,3 milliards d'euros destiné aux infrastructures pérennes et un second du même montant aux dépenses liées à l'organisation des JOP à proprement parler. Un budget qui visera l'aménagement des sites existants, les infrastructures temporaires, les logements temporaires ainsi que le transport des athlètes.

 

Le rapport avance aussi que "d'une manière générale et sauf exceptions, il est retenu comme hypothèses d'estimation de la part des Travaux Publics dans les montants totaux de travaux, 10% dans les projets de bâtiments, (comme par exemple le village olympique), correspondant aux réseaux de VRD (eau, électricité, chaussée…) et enfin 80% pour les infrastructures sportives (stades, centre aquatique…) correspondant schématiquement à des travaux de génie civil et de VRD."

 

 

En détails, sur les 3,3 milliards d'euros d'investissements consacrés au premier volet dédié aux infrastructures pérennes qui survivront aux JOP, l'Etat investira 1 milliard d'euros, les collectivités 500 millions d'euros, la Région Île-de-France, 200 millions d'euros, la Ville de Paris 145 millions d'euros et le reste proviendra d'investisseurs privés.

 

Le Comité Paris 2024 célèbre l\'olympisme le 23 juin 2017 à Paris
Le Comité Paris 2024 célèbre l'olympisme le 23 juin 2017 à Paris © Stéphane Kempinaire

"Trois équipements sont à construire spécifiquement pour les Jeux pour un montant total de près de 2 milliards d'euros"

 

"Trois équipements sont à construire spécifiquement pour les Jeux pour un montant total de près de 2 milliards d'euros", rappelle ce rapport du Comité de candidature de Paris 2024 et du Centre de droit et d'économie du Sport. En l'occurrence, se sont le village olympique et paralympique, sur les communes de Saint-Denis, de l'Île-St-Denis et de Saint-Ouen (1,5 milliards d'euros) ; le village des médias, à cheval sur Le Bourget et Dugny (Seine-Saint-Denis) ; le nouveau quartier de 1.500 logements nécessitant l'aménagement d'un terrain de 9 hectares (370 millions d'euros), et enfin le Centre aquatique, à Saint-Denis (123 millions d'euros).

 

720 millions d'euros seront investis dans la rénovation de plusieurs sites

 

Près de 720 millions d'euros seront investis dans la rénovation de plusieurs sites : le Stade de France (80 millions), le centre de Water-Polo (29 millions d'euros), le Grand Palais (23 millions d'euros), Roland-Garros (400 millions), le stade Yves-du-Manoir (14 millions d'euros), la base nautique (85 millions d'euros), la colline d'Elancourt (7 millions d'euros), la Marina de Marseille (17 millions d'euros), le stade Pierre-de-Coubertin (7 millions d'euros) et le centre d'exposition Paris Le Bourget (57 millions d'euros) qui accueillera le centre principal des médias composé du Centre international de radio et de télévision (CIRTV) et du Centre principal de presse (CPP)…

 

Par ailleurs, l'organisation des JOP 2024 ne devrait pas déclencher d'investissements supplémentaires dans de nouvelles lignes de transport d'ici à 2024 signale le document. En effet, le projet du Nouveau Grand Paris des transports, qui a été lancé avant la candidature de Paris aux JOP 2024, desservira la majorité des sites des JOP 2024. Prennons l'exemple du Tram Express Ouest entre Saint-Cyr et Saint-Germain-en-Laye (Tangencielle Ouest), qui sera inauguré en 2020, dans le but d'assurer la desserte du site du château de Versailles.

 

Alors que certains sites des JOP seront délocalisés hors Île-de-France -la Marina de Marseille et huit stades : Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Nice, Saint-Etienne et Toulouse-, l'amélioration des dessertes des villes de Nice et de Toulouse, grâce à la construction des lignes ferroviaires à grande vitesse Paris-Nice et Bordeaux-Toulouse, a été envisagée pointe le rapport.

 

Vers une "une vraie prise de conscience" de la part des pouvoirs publics ?

 

Toutefois, l'annonce du Gouvernement en juillet 2017 de faire une "pause" sur les grands projets suscite aujourd'hui des interrogations. "Il faut désormais espérer que l'attribution des JOP à la France permettra de relancer ces grands projets", estime le document. Les capacités et le service aéroportuaire de ces grandes villes seront ainsi décisives pour la qualité de l'accueil de visiteurs du monde entier.

 

En attendant la décision définitive du Comité international olympique (CIO) ce 13 septembre 2017, "un tel message et une telle annonce devraient entraîner une vraie prise de conscience de la part des pouvoirs publics", nous avait confié , le 5 juillet 2017, Bruno Cavagné, président de la FNTP.

 

 

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