La transition écologique est lancée mais le niveau actuel des investissements dans les énergies renouvelables est insuffisant pour lutter contre le réchauffement global. Le directeur général de l'Irena (agence internationale pour les EnR) estime que le montant annuel doit encore tripler d'ici à 2030.

"Même si les investissements dans les énergies renouvelables ont beaucoup augmenté ces dix dernières années (…), leur niveau reste insuffisant pour atteindre les objectifs climatiques", a déclaré Adnan Amin, le directeur général de l'agence internationale des renouvelables (International renewable energy agency, Irena), lors de l'assemblée annuelle tenue à Abou Dhabi ce 13 janvier 2017. La part des EnR est, aujourd'hui, de 18 % dans le mix énergétique mondial (23 % selon l'Agence Internationale de l'énergie avec 1.969 GW déployés) mais il faudrait que cette part monte à près de 40 % en 2030 pour parvenir à maintenir l'élévation des températures moyennes à 2 °C. Faute de quoi "nous continuons à nous acheminer vers des [augmentations] de 2 à 3 °C", a-t-il déploré.

 

 

Le directeur général a précisé : "Les investissements dans les énergies renouvelables doivent passer de quelques 287 Mrds € en 2015 à environ 849 Mrds € par an, entre 2016 et 2030". Donnant l'exemple, les Emirats Arabes Unis ont annoncé leur intention d'investir, à eux seuls, 154 Mrds € dans des projets d'énergies renouvelables destinés à couvrir 50 % des besoins du pays d'ici à 2050. Le bouquet énergétique local, de ce territoire qui est un immense exportateur de pétrole et de gaz, sera alors composé de 44 % de renouvelables, 38 % de gaz, 12 % de combustibles fossiles et de 6 % d'énergie nucléaire. Des sociétés sud-coréennes sont d'ailleurs en train de construire quatre réacteurs nucléaires d'une puissance unitaire de 1.400 MW. Les Emirats souhaitent également profiter de l'immense gisement de rayonnement solaire dont ils disposent pour implanter des centrales solaires à concentration. Dubaï a annoncé la construction de la première phase d'une installation géante qui atteindra le gigawatt en 2030, tandis qu'Abou Dhabi a déjà inauguré la centrale thermodynamique Shams-1, d'une puissance de 100 MW.

 

Une demande énergétique en constante croissance

 

 

Rappelons qu'il est prévu que la demande énergétique mondiale augmente encore de +46 % d'ici à 2060, principalement portée par les besoins croissants en électricité dans toutes les régions du monde. Il est prévu que le pic de demande énergétique par habitant soit atteint en 2030. Une tendance corroborée par les analystes d'Accenture qui estiment que "tous les scénarios portent à croire à une augmentation de la demande en gaz, ainsi qu'à un possible pic de la demande en pétrole, entre 2035 et 2045". Et ce malgré la diminution drastique du coût des renouvelables qui sont même passées "du statut de niche au statut de solutions préférée", comme le souligne Adnan Amin de l'Irena. Le directeur général de l'agence note : "Les panneaux solaires sont le meilleur exemple. Leur coût a baissé de moitié depuis 2010 et devrait baisser encore de 60 % dans les dix prochaines années". Il souligne que les EnR à production délocalisée s'imposeront dans les régions où les réseaux classiques sont difficiles à déployer. Avec une pointe d'optimise il conclut : "Les énergies renouvelables avec les technologies hors réseau nous ont permis de passer de 1 % de villages électrifiés en 2004 à 17 % aujourd'hui". L'Agence internationale de l'énergie anticipe que les capacités de renouvelables augmentent de 42 % dans les cinq ans (+825 GW de puissance). Un effort à prolonger pour parvenir à circonscrire le réchauffement global.

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