OBJETS CONNECTÉS. Le nombre de solutions va en grandissant et révèle parfois les failles existantes dans la conception des installations domotiques. Pannes de courant, mises à jour forcées, plantage d'hébergeur Internet ou risque de piratage, François-Xavier Jeuland, le président de la Fédération française de domotique, évoque les problèmes et la façon de les éviter.

Aujourd'hui, les logements français comptent en moyenne de 3 à 10 objets connectés. Mais ce nombre va rapidement augmenter pour atteindre la cinquantaine dès 2020, lorsque n'importe quel objet du quotidien deviendra communicant. L'occasion, pour des fabricants et des installateurs de proposer des solutions domotiques capables de prendre la main sur l'ensemble de ces engins grâce à un simple smartphone. Mais attention : mal concevoir son système c'est aussi s'exposer à des risques de dysfonctionnement voire à des pannes potentiellement lourdes de conséquences.

 

 

François-Xavier Jeuland, le président de la Fédération française de domotique (FFD), nous explique : "Il y a un problème de bon sens : les choix basiques doivent être cohérents et un peu conservateurs. Les pannes de courant peuvent arriver, les problèmes d'hébergeur Internet aussi, et le risque de hacking existe. Mais on doit être capable sans être connecté de pouvoir entrer et sortir de chez soi ou de se chauffer". En effet, au mois de novembre 2017, l'hébergeur OVH a connu une importante panne sur ses serveurs qui a entraîné une paralysie d'un certain nombre d'installations domotiques privées de leur cloud. "Globalement, le risque qu'il tombe était très faible. Mais les fabricants devraient l'anticiper et héberger leurs solutions chez deux hébergeurs différents, puisque ce problème est arrivé", poursuit-il. Le représentant de toute la filière recommande également aux clients de "privilégier des solutions mixtes, c'est-à-dire qui ne sont pas 100 % cloud, ni 100 % locales. L'idéal est de conserver les fonctions de base en local et de profiter de la puissance du cloud pour monitorer ou piloter à distance". De même, pas question d'installer de volet roulant électrique sur sa porte d'entrée et risquer de rester coincé chez soi lors d'une panne électrique. "La domotique doit être réfléchie", insiste François-Xavier Jeuland.

 

Absolument sécuriser les réseaux domestiques

 

Autre problème potentiel, celui du risque de piratage des objets et/ou des installations. Le président de la FFD répond : "Le problème avec les caméras IP par exemple, était que les mots de passe n'étaient pas changés. Un réseau informatique sécurisé est un gage de sécurité. Il doit être crypté et protégé par un mot de passe changé régulièrement". Cette fois, le spécialiste recommande aux utilisateurs de faire intervenir des professionnels éclairés ou des binômes afin de mêler les compétences techniques du chauffagiste ou de l'électricien, aux connaissances du réseau d'un informaticien. "Pas d'improvisation dans la sécurisation d'un réseau, ça ne s'invente pas !", martèle François-Xavier Jeuland. Le choix des équipements de base doit évidemment être étudié en amont : "Les technologies doivent être interopérables. Si le thermostat connecté n'est pas compatible avec la chaudière… D'où l'intérêt des conseils d'un professionnel ou de fournisseurs de services". Selon le président de la FFD, le marché français devrait d'ailleurs s'orienter vers des offres intégrées, à la façon des abonnements de téléphonie ou de box Internet. "La domotique prendra le même chemin", assure-t-il.

 

Les usagers choisiront donc des solutions non plus en fonction de la technologie - finalement non cruciale - mais en fonction de la qualité de service rendu. "Nous en sommes au début de la domotique, en phase d'apprentissage. Les entreprises vont peu à peu se mettre à niveau. Les problèmes seront gérables du moment que le support technique montera en compétence. Ceci apportera de la confiance numérique aux utilisateurs", nous explique François-Xavier Jeuland. Pour l'heure, la domotique n'est encore associée qu'à des notions de confort, mais les choses évoluent vite. "Elle doit être fiable. Il y a même une notion de criticité pour les personnes âgées", reprend le président de la fédération qui concède que les produits actuels ne sont pas tous aboutis et parfois commercialisés "à la va-vite" par des startups pressées. "Ce qui engendre de la déception et fait baisser le taux de satisfaction des clients". D'où l'idée de la FFD de développer un label de confiance pour les professionnels formés (Prestataire SmartHome ou SmartBuilding) et les solutions bien nées.

 

 

"Fiabilité, sécurité, qualité", la devise de la Domotique française

 

Mais existe-t-il une spécificité française sur le sujet ? "Oui", nous répond le représentant de la domotique nationale. "Le marché est orienté motorisation des portails, des volets roulants, et le discours est très axé sur la sécurité. En Allemagne, c'est davantage tourné vers l'énergie, tandis qu'en Grande-Bretagne, les consommateurs demandent tout ce qui est multimédia". Selon lui, d'ici peu de temps, une convergence naturelle se fera entre toutes les solutions selon un principe de plug&play qui permettra de se passer d'applications spécifiques et de tout contrôler grâce à une seule interface tactile où il sera possible d'ajouter et d'enlever des objets connectés d'un simple glissement de doigt. Des superviseurs qui scanneront les réseaux domestiques et préviendront les utilisateurs en cas d'incident. Et là encore, il sera question de souscription à des contrats annuels qui assureront à la fois de la télésurveillance et de la maintenance à distance (via des mises à jour). L'enjeu sera de résoudre tous les problèmes domotiques grâce à des personnels compétents. "Il doit y avoir un souci de fiabilité, de sécurité et de qualité de service. Nous devons y être sensibilisés, fabricants, distributeurs, installateurs, assureurs et bailleurs", conclut-il.

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