L'urbanisme peut-il contribuer à limiter les dégâts liés aux inondations ? Certainement, mais, à l'image de la catastrophe naturelle qui s'est abattue sur la région sud-est, même si la prévention des crues a progressé en France, il reste encore beaucoup à faire.

Face aux inondations, les solutions existent. Les Hollandais en savent quelque chose et ont appris, depuis des siècles, à vivre dans les polders avec le risque permanent de voir la mer se déverser sur leurs habitations.

En France, les communes ravagées par les crues ces dernières années ont également su réagir et les efforts ont payé. A Nîmes, ravagée par un torrent de boue en 1988, la construction de bassins de retenue a joué efficacement et la ville a été quasiment épargnée le week-end dernier. Nîmes, très endettée, en appelle d'ailleurs à l'Etat pour l'aider à finir un programme de construction de 192 millions d'euros.

Dans la Somme, les pluies abondantes du printemps n'ont pas entraîné d'inondations catastrophiques comme en 2001, parce qu'un travail important de nettoyage des rivières et d'entretien des canaux a été mené.

Si la prévention a été longtemps négligée, c'est aussi parce qu'elle a un coût. L'entretien des berges et des cours d'eau, du ressort des riverains, est souvent négligé, et il faut un événement grave pour que l'Etat ou la commune se substitue aux propriétaires défaillants.

Une commission parlementaire, constituée après les inondations de la Somme, a proposé d'instaurer une taxe pour financer l'entretien des cours d'eau. Une recommandation qui tarde, comme beaucoup d'autres, à se réaliser.

L'Etat avait ainsi décidé, au vu des carences du service d'annonce des crues lors des inondations de la Somme, la création d'un centre de coordination regroupant des hydrologues et des météorologues à Toulouse. Ce centre ne verra le jour qu'en 2003.

La succession récente d'inondations en France a également considérablement accéléré l'adoption par les communes de "Plans de prévention des risques", le principal outil de prévention. Rappelons que les PPR permettent depuis 1995 de réglementer les constructions nouvelles. A ce jour, 3.470 ont été signés.

Mais la moitié des communes qui ont eu 5 arrêtés de catastrophe naturelle depuis 20 ans n'en sont pas encore dotées, relève l'Institut français de l'environnement.

De plus, le PPR ne règle pas le problème des constructions anciennes et de l'urbanisation galopante. "Nous payons aujourd'hui les pots cassés des années 60 et 70, où on construisait un peu n'importe où", souligne Charles Perrin, hydrologue au Cemagref, un institut de recherche sur l'environnement.

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