Réunis ce mardi, les professionnels de l'industrie cimentière ont rappelé les enjeux d'une compétitivité équitable qui doit être rétablie dans le paysage français, au vu de la montée en puissance de la concurrence hors Europe. En outre, ils ont insisté sur le développement durable, notion majeure pour la filière.

Le « Made in France » s'est aussi infiltré dans le secteur du ciment. Ce concept, très en vogue dans les discours actuels des futurs candidats à la présidentielle, a été un des axes de l'interpellation du Syndicat français de l'industrie cimentière (Sfic) aux pouvoirs publics.

 

Rappelant que le secteur représente 2.5 Md€ de chiffre d'affaires, 20 millions de tonnes de production, 5.000 emplois directs et 50.000 dans la filière qui font travailler quelque 350.000 artisans, Rachid Benyakhlef, président du Sfic, a souligné l'importance de cette industrie de proximité (40 sites implantés sur le territoire) ainsi que la part prenante du secteur en matière de construction durable grâce à des innovations telles le ciment et le béton à bas taux de CO2 ou les bétons à hautes performances thermiques. Cependant, il a estimé que la proximité n'empêchait pas d'être confronté à une concurrence, aujourd'hui de plus en plus forte et réelle, notamment à cause des surcoûts liés à des réglementations sociales et environnementales. «Cela représente environ de 15 à 20% de surcoût par rapport aux ciments produits hors Europe», a-t-il indiqué.

 

La proximité n'est pas une barrière à la concurrence
La filière serait-elle en danger ? Force est de constater que des distorsions se font jour et qu'un risque de fragilisation est bel et bien apparu. D'après Rachid Benyakhlef, cela se traduit, d'une part, par des moyens dédiés à l'innovation qui auront tendance à se réduire ; d'autre part, par une délocalisation de l'approvisionnement du marché français. Un des gros problèmes soulevés par le Syndicat depuis plusieurs mois, c'est l'importation de clinckers (matière première du ciment, ndlr) issus de pays non soumis aux quotas de CO2 et aux réglementations sociales plus faibles. Le Président cite l'exemple suivant : « Un clincker non produit en France représente quatre fois moins d'emplois sur le territoire ». D'où également le risque de la désertification du territoire…

 

C'est pour toutes ces raisons que les professionnels des industries cimentières interpellent ce jour les pouvoirs publics afin qu'ils mettent en œuvre une politique soutenant les conditions d'une compétitivité équitable qui garantirait la pérennité du secteur. Entre autres propositions, le Sfic demande l'application des lois anti-dumping, le maintien de l'industrie cimentière dans la liste des secteurs soumis aux fuites de carbone qui sera révisé en 2014, la stabilisation de la réglementation qui redonnerait de la visibilité aux acteurs, ainsi qu'une politique portuaire repensée, tant en région que sur le plan national.

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