Mercredi 3 juillet 2002, en association avec le World Business Council for Sustainable Development, dix des plus grands producteurs mondiaux de ciments se sont retrouvés à Paris pour présenter un programme d'action visant à favoriser "les actions pour accélérer la progression vers un développement durable".

Loin d'une simple déclaration d'intention, ces 10 industriels - qui fournissent plus d'un tiers de la production mondiale et opèrent sur deux tiers des marchés mondiaux du ciment - ont souhaité s'engager à mener des actions spécifiques sur " six enjeux majeurs de développement durable " dans un délai de 5 ans (avec publication d'un rapport intermédiaire dans 3 ans).

Ces 10 industriels sont Cemex (Mexique), Cimpor (Portugal), HeidelbergCement (Allemagne), Holcim (Suisse), Italcementi (Italie), Lafarge (France), RMC (Royaume-Uni), Siam Cement (Thaïlande), Taiheiyo (Japon) et Votorantim (Brésil).

"Il s'agit d'un programme unique. Ces 10 entreprises de ciment ont fait un choix stratégique pour s'attaquer de front aux défis du développement durable. C'est la première fois qu'un secteur professionnel fait, à partir d'une recherche indépendante, un examen critique de ses propres performances en termes de développement durable et met au point un programme spécifique pour les améliorer" a déclaré Bjorn Stigson, Président du WBCSD, une association de 160 entreprises internationales qui ont choisi de s'engager sur un développement durable basé sur trois piliers : croissance économique, équilibre écologique et progrès social.

Pour ces industriels du ciment rassemblés au sein du groupe "Cement Sustainability Initiative", la priorité sera donc donnée à 6 grands thèmes : la protection du climat, les combustibles et les matières premières, la santé et la sécurité des travailleurs, la réduction des émissions, les impacts locaux et les procédures internes à l'entreprise.

"Nous nous engageons à mener à bien les projets et les actions figurant dans ce rapport et vous demandons de nous juger sur nos résultats lorsque nous en rendrons compte d'ici 5 ans. Mais nous ne pourrons atteindre seuls ces objectifs. Cette initiative ciment pour le développement durable doit travailler avec les autres secteurs de la société qui peuvent jouer un rôle important en nous aidant à relever ces défis majeurs. Mais surtout, nous invitons résolument les autres producteurs de ciment à nous rejoindre dans notre démarche vers un avenir plus durable" explique la déclaration commune de ces dix industriels.

Plusieurs projets ont déjà été menés comme le protocole dioxyde de carbone pour l'industrie du ciment ou la constitution d'un groupe de travail sur la santé et la sécurité. Mais, la plupart des engagements de cet ambitieux programmes sont à réaliser. Les industriels devront notamment développer un protocole pour mesurer, contrôler et rendre compte des émissions de l'industrie du ciment. Autre chantier important : le développement de l'usage des combustibles alternatifs comme les pneus ou les déchets ménagers, deux solutions originales actuellement en phase de test au Japon.

Rappelons que la production de ciment nécessite une consommation intensive d'énergie et de ressources. On estime qu'il faut utiliser l'équivalent de 60 à 130 kg de pétrole et 110 kWh d'électricité pour produire une tonne de ciment. Rapportée au quelque 1,6 milliards de tonnes de ciments produites en 2000, cette consommation d'énergie fait que l'industrie du ciment génère 5% du CO2 occasionné par les activités humaines.

Jean-Philippe Defawe

Pour en savoir plus : www.wbcsdcement.org

Les projets clés du programme

- Les dix entreprises publieront leurs données et leurs objectifs individuels sur leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2) d'ici 2006. Elles appliqueront à cet effet le protocole CO2 (dans le cadre du Protocole sur les gaz à effet de serre du WBCSD-WRI) pour mesurer, contrôler et rendre compte de leurs émissions.

- Un dialogue avec les parties prenantes sera instauré pour définir les règles relatives à l'utilisation des combustibles et des matières premières dans les fours à ciment et, en particulier, des sous-produits et des déchets industriels. Après approbation et validation, ces règles seront mises en œuvre par les dix producteurs sur l'ensemble de leurs sites.

- Un groupe de travail sur la santé et la sécurité, déjà créé, élaborera des méthodes communes de compte-rendu et échangera les meilleures pratiques.

- Un protocole de mesure, de suivi et d'information du public sur les émissions polluantes sera développé.

- Des orientations communes seront mises au point en concertation avec les principales parties prenantes pour Évaluer l'Impact Environnemental et Social (EIES).

- Des indicateurs de performance clés sur le développement durable seront établis pour l'industrie du ciment.

actionclactionfp