RISQUE FEU. Le gouvernement britannique a officiellement reconnu que le bardage était à l'origine de la propagation rapide des flammes lors de l'incendie de la Grenfell tower, à Londres. Des centaines de tests de résistance au feu sont en cours sur des tours d'habitation. En France, un rapport global sur la réglementation incendie dans les bâtiments est attendu d'ici une dizaine de jours.

Depuis l'incendie meurtrier qui a touché une tour d'habitation de 24 étages, à Londres, faisant 79 morts, de nombreux experts pointent du doigt le bardage de la tour. Celui-ci était suspecté d'avoir permis la très rapide propagation des flammes le long du bâtiment. Aujourd'hui, il ne s'agit plus d'un simple soupçon, mais de la position officielle. Le 22 juin, la première ministre britannique, Theresa May, a en effet lancé en urgence des tests de résistance au feu sur les bardages de centaines de bâtiments similaires à celui de la Grenfell Tower.

 

"Le gouvernement a décidé de mener des tests sur les bardages pour toutes les tours d'habitation de ce type", a-t-elle affirmé. La responsable britannique a déclaré avoir déjà obtenu des informations selon lesquelles certains tests avaient révélé un risque immédiat. "Les autorités locales et les services du feu en ont été informés, et au moment où je vous parle, toutes les mesures sont en train d'être prises pour sécuriser les bâtiments et pour informer les résidents concernés."

 

"Nous pouvons tester 100 bâtiments par jour"

 

"Nous pouvons tester une centaine de bâtiments par jour, et les résultats viennent en quelques heures", a également affirmé Theresa May. "J'insiste vivement auprès des propriétaires de bâtiments de ce genre pour qu'ils nous envoient un échantillon de bardage afin que nous le testions au plus vite."

 

Les résultats de ces tests seront immédiatement communiqués aux autorités locales et aux pompiers. Sur le 'tweet' ci-dessous, on peut voir l'un de ces prélèvement faits sur une façade de bâtiment.

 


 

Des bardages sont en passe d'être retirés de certaines façades

 

Certains collectivités locales, outre-Manche, sont déjà sur le pont pour repérer et intervenir sur les bâtiments représentant un risque. Ainsi, d'après le Guardian, le conseil de Camden, un quartier de Londres, a d'ores et déjà décidé de retirer le bardage de cinq tours d'habitation, composé de panneaux d'aluminium avec un cœur en polyéthylène (comme, apparemment, la Grenfell Tower).

 

Theresa May a également affirmé qu'une enquête indépendante serait ouverte. "Toutes les pierres seront retournées", a-t-elle tonné. "Et pour les coupables, il n'y aura plus d'endroit où se cacher." Les résultats des tests de résistance au feu menés sur le bardage de la Grenfell tower seront connus dans les 48 heures.

 

La question de la nature du bardage

 

Dans un premier temps, les pouvoirs publics britanniques avaient signalé que 600 bâtiments étaient potentiellement concernés par un risque d'incendie équivalent à la Grenfell tower. Au vu de l'ampleur prise par l'information, ils ont rectifié : seulement sept tours ont pour l'instant été identifiées comme porteuses du même bardage que la fatidique tour.

 

Reste la question de la nature du bardage. Aucune source officielle ne donne, pour l'instant, ces détails. Mais d'après nos confrères d'Engineering&Technology, l'isolation thermique par l'extérieur était constituée de panneaux aluminium-polyéthylène (3 mm), et de quinze centimètres d'isolant "PIR", en polyisocyanurate. Ce dernier produit aurait d'ailleurs pu, selon Sky News, dégager des gaz toxiques en brûlant.


Ce scénario est-il possible en France ?

 

Un tel scénario de vérification en masse de la résistance au feu des bardages est-elle d'actualité ? Pour l'instant, non. Le ministère de la Cohésion des territoires a missionné le CSTB afin de réaliser un audit global de la sécurité incendie, dans le but de cibler les enjeux clés sur ce sujet. Les pouvoirs publics ont laissé dix jours au CSTB pour boucler le rapport. Ce qui montre tout de même que la question est prise très au sérieux par les pouvoirs publics. Et ce malgré l'exigence de la réglementation incendie française.

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