La Collectivité territoriale de Guyane dispose de son propre volet de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), qui vient d'être publiée au Journal officiel. Elle place le plus grand département de France sur la voie de l'autonomie… énergétique, à l'horizon de 2030.

En pleine tourmente sociale, la Guyane peut cependant s'enorgueillir de disposer d'une programmation pluriannuelle de l'énergie ambitieuse. Publiée au Journal officiel ce lundi 3 avril 2017, après avoir été signée par Ségolène Royal à Cayenne le 17 mars dernier, cette PPE apporte des réponses en matière de développement des énergies renouvelables, d'électrification des communes isolées et d'amélioration des infrastructures. Le ministère de l'Environnement estime même que les trajectoires esquissées placent "la Guyane sur la voie de l'autonomie énergétique en 2030". Cette PPE se décline en deux périodes (2017-2018 et 2019-2023), et sera révisée à la fin de l'année prochaine afin d'adapter les moyens et dispositifs.

 

 

Pour parvenir aux objectifs fixés, plusieurs leviers seront actionnés dont des mesures d'efficacité énergétique qui doivent permettre de diminuer les consommations de 17 % d'ici à 2023, soit un bénéfice de 150 GWh annuels. Parallèlement, les énergies renouvelables seront développées afin que leur proportion dans la production d'électricité dépasse les 85 %, ce qui sera possible en s'appuyant sur la valorisation des ressources hydroélectriques, abondantes dans cette région équatoriale (et déjà exploitées par le barrage de Petit-Saut d'une puissance de 116 MW), mais également sur les énergies solaire et éolienne. Il est également prévu que la filière biomasse locale soit soutenue et que les énergies renouvelables thermiques se substituent à d'autres sources, à hauteur de 36 GWh/an de courant.

 

L'électrification en marche

 

 

Le ministère souligne également que, "conformément à la loi de Transition énergétique, la PPE comporte un volet pour répondre aux enjeux spécifiques d'électrification des communes de l'intérieur, en mobilisant prioritairement les énergies renouvelables". Des actions d'expérimentations pour l'autoconsommation et le stockage d'installations non reliées au réseau de distribution seront lancées, ainsi que des appels d'offres encourageant la mise au point de solutions locales d'électrification à Maripasoula, Grand-Santi, Régina et Papaïchton. Dans l'ouest du territoire, à la frontière avec le Surinam, 20 MW de puissance hydroélectrique seront installés d'ici à 2023, en plus de 20 MW déjà existants à Saint-Laurent-du-Maroni. Le gestionnaire du réseau pourra contribuer aux investissements dans les moyens de production des communes à l'intérieur des terres, sous maîtrise d'ouvrage des autorités organisatrices de la distribution d'électricité (dans la limite de 20 % de l'investissement total). Un syndicat mixte d'électrification sera mis en place "pour structurer la gestion des aides du fonds d'électrification rurale". Il est par exemple prévu d'étendre le réseau électrique littoral à l'est, jusqu'à Saint-Georges-de-l'Oyapock, à la frontière avec le Brésil, et que la ligne électrique vers l'ouest soit doublée.

 

En matière de transports, un projet de transport en commun en site propre sera mis sur pied, ainsi qu'un schéma régional des infrastructures de recharge pour les véhicules électriques et hybrides d'ici à 2018. Il faut noter que la PPE pourra être prolongée jusqu'en 2028.

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