Ils sont moins de 40 et se lancent pourtant à l'assaut de la Chine. La société familiale Guard Industrie est de tous les chantiers : place Tien An Men, parc olympique de Pékin, musée national de Chine… Spécialisée dans le traitement de surface des matériaux poreux, elle a su convaincre les autorités locales de lui confier la protection des pierres des façades ou des esplanades. Batiactu revient, avec les dirigeants de la PME, sur cette aventure industrielle.

Comment une PME familiale de moins de 40 employés peut-être réussir à percer sur les marchés internationaux jusqu'à décrocher des contrats pour la protection des pierres d'endroits aussi emblématiques que la Place Tien An Men ou le parc olympique de Pékin ? "Guard Industrie est une société qui a été créée il y a24 ans, par Alain Wayser, qui, à l'origine, fabriquait des meubles et devait protéger les tissus. Des chimistes issus d'Elf-Atochem avaient alors développé un polymère permettant de résister à l'eau et aux taches", explique Rémi Le Bastard, le directeur général adjoint de l'entreprise. Des brevets sont alors déposés sur les produits mis au point et de nouvelles utilisations sont rendues possibles avec l'évolution des formules, notamment sur des matériaux poreux comme la pierre, la brique, le béton ou le bois. Guard Industrie s'oriente alors avec la production et la commercialisation de produits hydrofuges et oléofuges, qui pénètrent de quelques micromètres dans les surfaces afin de les protéger. Et parfois de les teinter, car les produits peuvent être colorés.

40 % du CA à l'export

L'aspect écologique n'est pas oublié : "95 % de la gamme est sans solvant", précise Rémi Le Bastard. "Sauf dans le cas du travail de surfaces en pierres fermées, comme le marbre ou le granit, où l'on est obligés d'ajouter du solvant pour faire pénétrer le polymère dans le matériau", ajoute le directeur général adjoint. Guard Industrie a lancé un travail sur des produits biosourcés issus de la biomasse et non de la pétrochimie, en substituant des acides glycoliques moins agressifs que l'acide chlorhydrique par exemple. Si la société réalise 40 % de son chiffre d'affaires à l'étranger c'est qu'elle dispose d'un réseau de filiales, notamment en Italie (le plus important marché des monuments historiques en pierre), en Grande-Bretagne, en Russie et en Chine et d'une quarantaine de distributeurs dans d'autres pays. Et la PME ne compte pas en rester là : "Nous avons pour objectif de doubler le chiffre d'affaires des filiales à l'étranger !", déclare Barnabé Wayser, le fils du fondateur et actuel président de la société.

L'aventure chinoise

"Nous sommes en Chine depuis 2006, grâce à un voyage organisé par le ministère des Affaires étrangères", explique le jeune homme de 32 ans. "Nous avons constaté qu'il était impossible de travailler avec un distributeur local mais préférable de monter une filiale locale avec un partenaire chinois". C'est pourquoi Guard Industrie s'associe à parts égales dans une coentreprise avec Cino Engineering. Les produits de la PME française séduisent alors différentes autorités locales et décrochent plusieurs marchés, dont les trottoirs de l'avenue Chang'An - l'équivalent chinois des Champs Elysées - le musée national de Chine, le terminal du port de Tianjin ou le théâtre Erdos. Dernière en date, la municipalité de Pékin a procédé à des tests avant de sélectionner les produits français afin de protéger le sol de la fameuse place Tien An Men et le parc olympique de la ville. "Les chantiers étaient à la dimension du pays : 40 personnes ont été employées à retirer tous les chewing-gums, puis les sols ont été nettoyés par des camions avant que 120 personnes n'appliquent le polymère au pulvérisateur basse pression et au rouleau ! En tout, sur les 63.000 m² 30 tonnes de produits ont été utilisées, soit 1.200 bidons de 25 litres que nous avons envoyé de France", raconte Barnabé Wayser. Car la société dispose d'un site de production principal à Toulouse et d'un site secondaire à Montreuil.

 

Quant à l'avenir, Guard Industrie prévoit de construire une seconde unité, toujours à Toulouse, dans le courant de 2014. Du côté de la R&D, elle travaille à une solution de dépollution atmosphérique de l'air intérieur par photo-catalyse.

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