MOUVEMENT SOCIAL. L'Union nationale des producteurs de granulats s'inquiète de l'impact des grèves de cheminots sur son activité. L'approvisionnement des chantiers qui ne pourra plus se faire par train, se fera donc par la route, avec des conséquences environnementales et financières. Analyse.

Il n'y a pas que les voyageurs qui sont touchés par l'arrêt presque total des trains. Les producteurs de granulats, réunis au sein d'une union nationale (UNPG), s'inquiètent également de la suppression de nombreux convois de fret, faute de personnel à la SNCF. Les deux premiers jours d'action syndicale des 3 et 4 avril dernier ont abouti à l'annulation de 80 % des liaisons ferroviaires sur la période, ce qui a déjà déstabilisé l'outil de production et l'approvisionnement des chantiers pour au moins quatre jours en moyenne, "du fait notamment de la re-planification difficile, voire impossible, des sillons et de la remise en route du fret post-grève".

 

Une situation problématique lorsqu'on projette ces perturbations sur 18 jours de grève prévus entre les mois d'avril et de juin. L'UNPG estime que plus de 1.200 trains seront supprimés, soit près de 2 millions de tonnes de granulats à livrer sur les chantiers par d'autres moyens. Et cet autre moyen sera la route, bien que les camions polluent davantage et transportent moins de matière par rotation. En tout, 150.000 trajets de poids lourds seront nécessaires pour déplacer ces granulats. Les professionnels de la filière estiment même que si le mouvement social perdurait trop longtemps, il pourrait signifier la fin de la solution ferroviaire pour les chargeurs de matériaux.

 

Pas de trains, mais pas de barges non plus

 

 

"Au-delà de la grève, le fret ferroviaire était déjà fragilisé et menacé faute de financements et d'entretien des lignes capillaires", ajoute l'UNPG. D'autant que le mouvement du printemps fait suite à des crues hivernales particulièrement longues et étendues sur le territoire. A la fin du mois de février, l'Unicem notait déjà : "De nombreuses installations de carrières ont été inondées en France et, en région parisienne, la crue de la Seine a stoppé les trafics fluviaux de granulats qui alimentent les centrales à béton, dont la plupart ont dû fermer. A l'arrêt depuis le 20 janvier environ, certains sites n'ont toujours pas ré-ouvert à ce jour, la décrue étant lente et la remise en état difficile". Là encore, l'approvisionnement s'était reporté sur la route, comme nous l'expliquait Yvon Fourment, le directeur Production & maintenance de Cemex Bétons IdF. Il précisait qu'une seule barge représentait l'équivalent de 65 camions et que, quotidiennement, l'activité francilienne de sa seule entreprise nécessitait 2 à 3 barges de matériaux… De quoi mieux cerner l'importance des modes de transport de grande capacité, comme les péniches et les trains.

 

Pourtant, l'UNPG signale également une menace pesant sur le transport fluvial : la recommandation, par le Conseil d'orientation des infrastructures, de "dénavigation" de 20 % du réseau navigable. Les acteurs des granulats demandent donc aux pouvoirs publics et aux spécialistes du fret, "la mise en place d'une feuille de route volontariste et réaliste à la hauteur de ses ambitions environnementales", pour défendre les transports alternatifs à la route, et réduire ainsi les émissions de gaz à effet de serre.

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