Le gouvernement de Kaboul envisage de créer une ville satellite, d'une capacité d'accueil de 500.000 personnes près de la capitale, pour suppléer au manque de logements, qui a provoqué une hausse vertigineuse des loyers dans la capitale.

L'afflux massif de réfugiés venus de l'étranger, dont déjà 500.000 depuis le seul Pakistan, après 23 ans de guerre qui ont réduit à l'état de décombres de nombreux quartiers de Kaboul, a obligé les urbanistes à chercher de nouveaux sites.

Le vice-ministre du logement Abdullah Ali a déclaré à l'AFP que la population de Kaboul, actuellement évaluée à près de deux millions d'âmes, devrait augmenter de 150.000 habitants cette année. "Les gens des villages environnants essayent également de venir à Kaboul parce que c'est ici qu'il y a du travail, ou du moins ils le pensent, mais ce n'est pas si facile", a-t-il expliqué. "La situation va devenir bien pire, c'est un problème très difficile qui nous attend", a-t-il prévenu.

Les autorités ont donc "commencé à penser à des villes satellites autour de Kaboul". "Le vrai Kaboul est plein maintenant. Il n'y a plus de place", a ajouté le vice-ministre. "Nous avons trouvé un endroit à quelques kilomètres au nord de la ville, nous espérons que cela suffira pour 500 à 600.000 personnes".

M. Ali a dit avoir reçu l'autorisation du gouvernement pour entreprendre une étude détaillée et espère pouvoir fournir un plan final vers la fin de l'année.

Des tentatives de construire de nouvelles maisons sur les ruines ont été compliquées par le fait qu'il s'agit souvent de biens privés. "Le gouvernement ne peut rien faire car c'est du terrain privé. Il faut que ces gens reviennent et recommencent à construire", explique M. Ali.

Le vice-ministre a fait état de projets de création d'une banque spéciale qui donnerait des prêts souples aux gens qui veulent reconstruire leur maison. "Le gouvernement va essayer. La banque donnerait du crédit et les gens rembourseraient sur une période de dix à quinze ans", a-t-il expliqué.

Mais il a exclu toute intervention du gouvernement pour empêcher une hausse massive des prix. "C'est un marché libre, qui vient juste de commencer et nous ne voulons pas le faire cesser immédiatement".

Les loyers se sont parfois multipliés par dix dans certains quartiers de Kaboul depuis la chute des talibans en novembre, mais un conseiller du ministre, Nasir Saberi, estime qu'il s'agit d'une exception plutôt que d'une règle. "La plupart des loyers n'ont pas augmenté à ce point-là. Les Afghans " normaux " peuvent se loger à 10 ou 15 par pièce. Ils resteront quel que soit le prix", indique-t-il.

Malgré la crise apparente, qui selon les experts n'affecte pas le reste du pays, le gouvernement intérimaire n'a pas placé le logement en tête de ses priorités. Le ministre en titre, Abdul Qadir, est le gouverneur de la province du Nangarhar, dans l'est, et ne passe que peu de temps à Kaboul.

"Pour l'instant, personne ne pense au logement. C'est toujours " éducation, santé, sécurité ou système routier "", se plaint M. Ali, "mais ce sera un grand problème si nous ne faisons pas attention".

Selon M. Saberi, il en va de la responsabilité des gouvernements occidentaux qui ont promis de l'argent pour reconstruire la capitale et le pays. "C'est le devoir de la communauté internationale d'aider l'Afghanistan maintenant, pour que les gens comprennent que ce n'est plus le temps des armes", a-t-il dit.

Le ministre de la Reconstruction, Amin Fahang, a déclaré la semaine dernière que le gouvernement afghan n'avait pas reçu plus de 90 millions de dollars, sur 1,8 md USD promis par les gouvernements étrangers pour la seule année 2002.

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