Gaz de France a comparu lundi matin devant le tribunal correctionnel de Dijon, jugé seul pour «homicide involontaire» après une explosion due à la rupture d'une canalisation en fonte grise en décembre 1999, qui avait fait onze morts. Le procès doit durer jusqu’à vendredi.

Dans ce procès, il est reproché au groupe gazier d'avoir maintenu en service une fonte qui n'était plus conforme aux normes et présentait un défaut d'origine. C'est la première fois que Gaz de France est jugé pour «homicide involontaire» après une explosion due à ce type de fonte, dite «cassante». Pierre Gadonneix, président de GDF au moment des faits et actuel Pdg d'EDF, était présent pour témoigner. La personne morale de GDF était représentée par l'actuel directeur de GDF en Côte d'Or.

L'audience a débuté par un rappel des faits. Le samedi 4 décembre 1999, à 23h45, une violente déflagration provoquait l'effondrement de l'aile d'un immeuble au 145, avenue Eiffel à Dijon. Sous un amas de ruines, gisaient onze cadavres. L'explosion avait aussi fait trois blessés dont un grave. Les deux premières journées doivent être consacrées à l'examen des expertises qui ont été conduites après la catastrophe. Il s'agit de «déterminer la responsabilité (de GDF) au travers de ces éléments techniques», a déclaré le président du tribunal Jean-Pierre Suety.

Définition de la fonte grise
Pour rappel, la fonte grise s’obtient en ajoutant du carbone dans du fer en fusion, dans des proportions de 2,5% à 4% en poids (contre moins de 1,2% pour l’acier). Cet ajout fait baisser le point de fusion du métal et le rend plus fluide, ce qui autorise des formes complexes. Mais lorsque le métal se solidifie, une partie du carbone forme des flocons de graphite qui réduisent la résistance du métal et deviennent des agents de fissuration. Pour remédier à cette fragilité, on peut ajouter au métal une petite quantité de magnésium, ce qui accroît sa résistance à la rupture. On obtient alors de la fonte ductile, de plus en plus utilisée pour les conduites d’eau. Pour le gaz, la fonte grise a été abandonnée au profit de l’acier et, surtout, du polyéthylène.


Fin 2005, les canalisations en fonte grise, posées entre les années 1940 et 1970, représentaient quelque 1.060 km, soit environ 0,6% du réseau de distribution.

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