Alors que la grève des cheminots entre dans son neuvième jour, les passagers ne sont pas les seuls touchés par le mouvement social. Les entreprises utilisatrices du fret ferroviaire, notamment dans le secteur de la construction, commencent à manifester leur mécontentement. Eclairage avec Christian Rose, délégué général adjoint de l'Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF).

"Une vente qui n'est pas livrée par la voie du fret est une vente perdue pour l'entreprise utilisatrice", nous confie d'emblée, Christian Rose, délégué général adjoint de l'Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF). Si le trafic tend à s'améliorer après un neuvième jour de grève, l'exaspération est à son comble, tant chez les usagers que les entreprises privées utilisatrices du service fret.

 

Situation critique
"La situation commence à devenir critique pour les entreprises même s'il est encore prématuré de donner un chiffre exact sur l'impact de la grève du fret", poursuit Christian Rose. En effet, les entreprises les plus fortement touchées sont celles qui utilisent le fret pour transporter régulièrement de gros volumes, à l'image des industries chimiques ou de la construction. Même les industriels dédiés à la production de granulats et à la transformation du ciment sont touchés car on ne leur fournit pas concrètement leurs sillons (Ndlr : infrastructures nécessaires à la circulation du train)."

 

Interrogée sur le sujet, l'Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem) nous confirme à son tour qu'"il est difficile à l'heure actuelle de dresser un bilan de l'activité impacté par la grève."

 

15 millions de tonnes de matériaux véhiculés par an
Parmi les entreprises utilisatrices du fret dans le secteur de la construction, l'AUTF nous cite par exemple : Lafarge, Vicat, Cemex, Italcimenti, Holcim, GSM granulats, Carrières du Boulonnais, Carrières de Voutré, Carrières de la Vallée Heureuse, Carrières Roy (Groupe Colas). L'AUTF signale également que l'activité du Fret dans le secteur de la construction (Ndlr : Production de granulats et transformation du ciment dans sa majorité) représente "2 à 3 %, ce qui correspond à 15 millions de tonnes de matériaux véhiculés par an via le ferroviaire."

 

Le "plan B" limité ?
Toutefois, jusqu'à aujourd'hui, les industriels avaient réussi à mettre en place un "plan B" qui consistait à expédier les marchandises par la route ou à les stocker. "Toutefois, il est faut rappeler que le camion transporte en moyenne 25 tonnes contre 1.000 à 1.200 tonnes pour un train, explique le responsable de l'AUTF. Et cela devient très difficile de mobiliser autant de camions pour des volumes conséquents. D'autant plus que ces solutions impactent au niveau des coûts également."

 

Un coût d'un million d'euros par jour
"Au-delà du coût logistique, cela représente un coût financier", poursuit Christian Rose, délégué général de l'Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF). Si le conflit dure, on prévient que des entreprises peuvent aller jusqu'à l'arrêt de production dans les usines. D'après nos adhérents, le coût des ruptures de stocks et arrêts de production avoisinerait le million d'euros par jour selon les entreprises concernées en grande partie dans la Chimie. Un cimentier nous a, par exemple, fait part de son extrême inquiétude puisque depuis le début de la grève, 3 trains ont été annulés, ce qui correspond à 4.000 tonnes de ciment…"

 

Au nom des industriels utilisateurs du fret, l'AUTF aux côtés du Groupement national des transports combinés (GNTC), espèrent que le mouvement social s'estompera dans les prochains jours. "Même si la grève s'arrête ces jours-ci, il faudra à peu près 12 jours pour acheminer les trains bloqués et rétablir une situation normale", conclut Christian Rose.

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